
Il est un constat auquel nul n’a échappé : la montée en puissance du e-commerce met les librairies indépendantes en danger. On l’a vu en octobre dernier à l’occasion de l’ouverture d’Ici, plus grande librairie indépendante de Paris : aujourd’hui, réussir un tel pari étonne. Alors, dans un contexte où l’on s’attend davantage à apprendre la fermeture d’un de ces lieux, quel est l’avenir de ces points de vente ?
Internet absorbe 20 % des ventes de livres, contre 22 % pour les librairies indépendantes (chiffres Sofres 2017). C’est Amazon qui, en 25 ans, a pris le leadership de ces ventes en ligne. Bâti sur l’ambition de devenir « la plus grande librairie du monde », et fort de son algorithme ultra performant, le géant américain n’hésite pas à se comparer à la bibliothèque d’Alexandrie. (...)
Parallèlement à l’essor du e-commerce, celles qu’on appelle « Grandes Surfaces Culturelles » demeurent le premier canal de vente de livres : ces Fnac, Cultura ou autres Espaces Culturels E. Leclerc en concentrent 25 %(...) ces enseignes se rapprochent du fonctionnement d’Amazon — en de moindres proportions (...)
le libraire indépendant ne peut garantir un catalogue aussi exhaustif ni des délais aussi courts : il gère ses stocks à échelle humaine, en composant avec la contrainte physique de l’espace plus ou moins restreint dont il dispose.
Sa plus-value réside nécessairement dans la relation personnelle et de confiance qu’il établit avec le client. Il peut également jouer sur l’ancrage dans l’aire géographique où il exerce son métier — création de clubs de lecture, animation de rencontres et dédicaces avec des auteurs de la région…
Dans son livre, Vers la fin des librairies ? (La Documentation française), c’est ce que Vincent Chabault, sociologue, appelle « le lien, le conseil et l’animation » : ce sont les atouts sur lesquels peut jouer le libraire, et qui contribuent à donner envie d’acheter en librairie.
Mais il existe aussi une vision collective, presque romantique, liée au fait de se rendre dans sa « petite librairie de quartier ». En témoignent les initiatives de lecteurs se mobilisant pour en assurer la survie. La librairie de Poligny, dans le Jura, sauvée de la faillite par un système de financement participatif, en est l’exemple parfait. (...)
en 2019 et selon les sphères socio-économiques, acheter sur Amazon — ce géant capitaliste ! — peut être mal vu. En cause : les remises en question croissantes du modèle économique pas toujours vertueux de l’entreprise, soulignait Le Monde.
Il semblerait donc que le lecteur soit pris entre l’offre du « tout, tout de suite » et le nouvel idéal du consommateur éthique, responsable et soucieux d’acheter local qu’il aspire à devenir. (...)