
Inauguré par le président Obama il y a un an, le Musée d’histoire et de culture africaine-américaines satisfait une revendication mémorielle de la communauté noire : que son histoire soit racontée à l’ensemble de la nation dans un musée situé en plein centre de la capitale fédérale. La manière dont cette histoire est racontée pose cependant question.
Un an après l’ouverture du National Museum of African American History and Culture (NMAAHC), obtenir un ticket d’entrée reste une gageure tant les visiteurs se bousculent. Trois millions de personnes — deux fois plus que prévu — s’y sont déplacées depuis son inauguration par Barack Obama en septembre 2016. S’il existe environ 200 musées consacrés à l’histoire africaine-américaine aux États-Unis, le NMAAHC fait figure d’exception : il s’agit d’un musée national qui propose à la nation un récit sur elle-même du point de vue africain-américain. C’est ce qu’affirmait Barack Obama en disant que le musée était destiné à « raconter une part essentielle de notre histoire américaine — une part qui a souvent été négligée ».
La construction du NMAAHC est symptomatique de la plus grande reconnaissance de l’histoire africaine-américaine dans l’histoire des États-Unis. De façon parfois paradoxale, le musée expose ainsi au public les profondes réévaluations historiographiques des dernières décennies. Dans un contexte racial très tendu, cette entreprise relève d’une ambition aussi bien scientifique que politique.
Un lieu de mémoire civique
Le NMAAHC s’élève sur le National Mall à Washington, au cœur de ce que l’architecte Pierre Charles L’Enfant en 1791 pensa comme le centre civique et symbolique de la nouvelle nation. (...)