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Patrick le Hyaric, Député au Parlement européen Vice-président du groupe GUE/NGL
De l’énergie sociale à la perspective politique
Article mis en ligne le 4 juillet 2013

Dans les rues et sur les places, de Turquie à la Grèce, du Brésil à l’Espagne, du Portugal à l’Egypte, d’Israël à la Tunisie, la jeunesse fait souffler le vent des exigences de justice et de démocratie sur la planète. Aucune situation dans le déclenchement de ces mouvements multiformes n’est comparable. Et pourtant, ils sont la manifestation d’une lutte féroce entre les tenants de l’ordre capitaliste et les jeunes générations qui crient partout au partage des richesses, à la réinvention de la démocratie, à l’accès au savoir ou à la santé. Partout, elles appellent le gouvernement de l’intérêt général contre la corruption, pour une autre utilisation de l’argent, contre la privatisation des richesses, la participation citoyenne aux décisions au lieu de l’arbitraire et des déploiements policiers. Bref, elles appellent à la « société commune » contre les puissances industrielles et financières, qui elles, concentrent les pouvoirs et l’argent entre leurs mains.

De partout, des pays arabes, particulièrement en Egypte ces derniers jours, d’Amérique Latine, d’Europe, surgit et se déploie une véritable énergie sociale s’opposant au pouvoir sans partage de l’oligarchie qui mène la planète à la ruine et à la catastrophe écologique. (...)

Nous sommes donc au coeur de la lutte cruciale entre le choix de la loi de l’argent-roi et celui de l’humain d’abord. Et à y regarder de près, ce sont les mêmes ingrédients qui sont à l’œuvre dans l’Union européenne : réduction de crédits publics, privatisations pour alimenter les banques, violentes attaques contre les droits sociaux, du travail et des retraites, restriction des choix démocratiques et gangrène de la corruption. La dernière réunion du Conseil européen en fin de semaine dernière le confirme en tout point. (...)

Les mouvements actuels ont aussi en commun de se développer en dehors des partis, voir des syndicats, dans le cadre d’une profonde crise démocratique qui, elle aussi, est mondiale. La question interpelle en premier lieu les forces progressistes. Leur inaptitude à se transformer pour être en osmose avec les mouvements profonds des sociétés constitue un handicap pour tout projet de changement. L’expérience des mouvements, dans plusieurs pays arabes comme dans des pays européens, montre que les mobilisations massives, avec parfois des changements de pouvoir ou de régime, peuvent conduire au gouvernement des forces rétrogrades, réactionnaires, de droite et pire encore. En matière de démocratie, les faux-semblants conduisent dans le mur. Pas de raccourci donc avec une appropriation populaire des enjeux, qu’il s’agisse des moyens à mettre en œuvre pour améliorer la vie quotidienne et changer ; de la nature des rassemblements larges à construire, comme du degré élevé de conscience à atteindre face à la puissance des forces coalisées des représentants du capital. Ouvrir la perspective progressiste d’une autre société et d’un autre monde est à ce prix. La bonne nouvelle réside dans le déploiement de cette énergie sociale de la jeunesse qui emmène avec elle les catégories sociales du travail et de la création. Là est l’avenir.