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Le Monolecte
De l’art subtil de l’automystification
Article mis en ligne le 26 janvier 2012
dernière modification le 24 janvier 2012

Plus on nous exhorte à être nous-mêmes, plus on nous apprend à nous conformer à la norme. C’est terriblement vrai pour l’apparence : exhibe ton particularisme profond en portant le pantalon ou les pompes produits à des millions d’exemplaires dans une usine lointaine dont on ne veut rien savoir. C’est vrai pour les corps, que l’on dresse à coup de régimes et de bistouris, à tel point que les plus exposés à la dictature de l’apparence, comme les actrices de cinéma, finissent par tous se ressembler, comme une armée de clones. Et c’est même vrai pour nos esprits, modelés à longueur de temps par les préceptes du petit écran, rééduqués par les psychotropes officiels et recommandés par l’Académie de Médecine pour des humeurs étales et civilisées, colonisés par les discours creux et les directives de l’ensemble du corps social qui t’enseigne depuis ton plus jeune âge comment bien te comporter, comment bien exister, comme être un gentil petit soldat parmi tous les autres, unique, forcément unique, mais à coup sûr, totalement remplaçable, interchangeable et donc, forcément, dispensable.

(...) Je suis infoutue de me définir en une phrase ou encore moins en un titre ou une fonction. Je suis multiple, je suis curieuse, je suis comme l’eau qui prend la forme de tous les récipients. Chaque jour, chaque expérience, chaque rencontre me retournent, me bouleversent et me changent. Profondément. J’interagis sans cesse avec le reste du monde, avec le reste des gens. Je suis aujourd’hui déjà différente d’hier et j’ignore totalement ce que je serai demain. (...)

L’acte ultime de la marchandisation des êtres : se penser comme un produit et en tant que tel, se standardiser jusqu’à avoir un prix.
Certains sauraient vendre un congélateur à un Inouit ou un bol de sable à un Bédouin. J’aurais la plus grande peine à convaincre un naufragé du désert à me prendre un verre d’eau.
Il y a quelque chose de nécessaire à l’art de la transaction et ce quelque chose, je ne l’ai manifestement pas. Peut-être justement de l’ordre de cette fameuse confiance en soi qui fait que l’on entraîne les foules à sa suite, même si on ne leur promet jamais que du sang et des larmes. Ou des vierges offertes. Des pavillons F5. Un aperçu du confort petit-bourgeois. La fin de la peur et de l’incertitude. Tout et n’importe quoi. Tout se vend, tout s’achète, nous devons tous être des VRP multicartes.

(...)

Ebuzzing