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Davos, ou comment les multinationales tentent de faire oublier leur impact désastreux
Article mis en ligne le 22 janvier 2019
dernière modification le 21 janvier 2019

Le Forum économique mondial de Davos, en Suisse, s’ouvre ce 22 janvier. C’est l’occasion de rappeler les stratégies désastreuses de la plupart des grandes multinationales et des gros investisseurs en matière de pollutions, de réchauffement climatique et d’accroissement des inégalités, comme le montre le rapport réalisé par l’association Attac et notre Observatoire des multinationales. En France, alors que leurs bénéfices continuent d’augmenter et leurs impôts de baisser, les entreprises du CAC 40 ont ainsi détruit plus de 100 000 emplois depuis 2010.

L’événement sera une nouvelle fois l’occasion pour les milieux d’affaires et les multinationales de faire étalage de leur engagement face aux grands défis de la planète. Et de proposer leurs propres « solutions » pour y faire face, qu’il s’agisse de sauvegarder le climat, de promouvoir la cause des femmes, de lutter contre la misère et la maladie, de mettre fin à la pollution des océans par le plastique ou de réduire les inégalités.

Une posture rendue encore plus commode par la démission ou l’inaptitude évidente des dirigeants politiques. Le sommet de Davos se tiendra cette année sans Donald Trump, retenu aux États-Unis par le « shutdown » (l’absence d’accord sur le budget), sans Theresa May, retenue par le Brexit et sans Emmanuel Macron, retenu par le « grand débat national » organisé en réponse au mouvement des gilets jaunes. En leur absence, c’est le nouveau président brésilien d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, qui risque de tenir la vedette, et affiche son mépris pour toute considération environnementale et climatique. Le président français accueillera toutefois 150 patrons français et étrangers en grande pompe à Versailles, comme l’année passée, pour promouvoir l’investissement étranger dans l’Hexagone.

Grand écart entre les discours et les pratiques (...)

. Les multinationales et leurs dirigeants s’y mettent en scène en tant que porteurs de « solutions » à des problèmes que, souvent, ils ont eux-mêmes grandement contribué à créer. C’est ce que vient rappeler opportunément une note publiée par Attac en partenariat avec l’Observatoire des multinationales, qui s’appuie largement sur le « véritable bilan annuel des grandes entreprises françaises » que nous avions publié en juin dernier (à retrouver ici).

C’est vrai de la crise climatique, alimentée par l’industrie des hydrocarbures, de l’automobile et de l’agriculture industrielle, entre autres. Mais c’est vrai tout autant de la montée des inégalités dans les pays industrialisés et de la persistance de la misère dans les pays pauvres, favorisées par des politiques néolibérales qui profitent seulement à quelques-uns, comme l’illustre le rapport d’Oxfam (...)

Les dividendes augmentent, les impôts et l’emploi en France baissent (...)

Vaut-il vraiment la peine pour autant de s’acharner sur le Forum de Davos ? Après tout, ne représente-t-il pas les couches les plus « éclairées » du monde des affaires, désireuses de pallier au moins aux défauts les plus criants de la mondialisation ? En réalité, Davos vise surtout à favoriser une certaine conception de la « gouvernance mondiale », associant étroitement le public et le privé [2]. C’est ce que rappelle la note d’Attac : les « solutions » mises en avant à Davos occultent les causes profondes des problèmes, et privilégient des solutions cosmétiques, qui ne remettent pas en cause les intérêts établis des élites politiques et économiques. Cela contribue à occulter la possibilité même de politiques plus ambitieuses, comme celles que propose l’association altermondialiste : limiter les rémunérations patronales par un facteur de 12, mettre en place une réelle fiscalité carbone visant les sites polluants, et instaurer une taxation unitaire des multinationales.

Douze des entreprises du CAC40 sont « partenaires » officiels du Forum économique mondial de Davos ; autrement dit, elles paient cher pour s’afficher parmi les multinationales « leaders » de leur secteur et influer sur les thèmes et la tenue des débats. Et ainsi soigner leur image publique, loin, très loin des conséquences réelles de leurs pratiques.