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la dépêche
Dans un marché ultra-mondialisé, la fleur locale cherche sa place dans les étals
Article mis en ligne le 30 juillet 2020
dernière modification le 29 juillet 2020

Les Pays-Bas, place forte mondiale du business des fleurs coupées, commercialisent chaque jour des fleurs de France... en France : de nouveaux acteurs du secteur souhaitent contrer cette hégémonie pour vendre des bouquets 100% tricolores et surtout moins gourmands en carbone. (...)

Dans la banlieue d’Amsterdam, le ballet incessant des chariots-élévateurs a repris sa course ces dernières semaines, au fur et à mesure du déconfinement du commerce mondial.

"Dans ce marché, nous commercialisons 30.000 variétés différentes", explique fièrement à l’AFP Michel Van Schie, porte-parole de la coopérative Royal Flora Holland, géant néerlandais de l’horticulture chez qui transitent chaque jour des fleurs du monde entier.

"Nos exportations en 2019 ont augmenté. Cette année, à cause du Covid-19, il n’y aura pas de croissance", poursuit-il, tout en se déclarant "confiant" à terme pour la reprise.

Les chiffres varient selon les sources, mais d’après Thierry Louveau, patron de la filiale française d’un autre géant néerlandais, FleuraMetz, "70% de la production mondiale de fleurs transite par la Hollande, même si elle n’est pas forcément fabriquée en Hollande". (...)

Une suprématie aidée par l’Etat néerlandais qui subventionne encore notamment la consommation d’énergie des serres hollandaises, quand la production de ces dernières n’est pas délocalisée vers des pays de l’hémisphère sud ensoleillés toute l’année et à la main-d’oeuvre bon marché, devenant parfois aussi cruciale pour l’économie de ces pays que pour celle des Pays-Bas.

 La redoutable logistique néerlandaise - (...)

Face à cette concurrence féroce, nombre de floriculteurs français n’ont eu d’autre choix que de mettre la clé sous la porte ou de changer leurs méthodes. (...)

"En 1972, il y avait 30.000 exploitations horticoles en France, aujourd’hui il y en a 3.500", déplore Hortense Harang, cofondatrice de la plateforme Fleurs d’Ici.

Val’Hor, interprofession française du secteur, chiffre aujourd’hui à 85% la proportion de fleurs importées. (...)

"Ce qui ressort de la crise, c’est quand même une volonté d’acheter français, une volonté d’acheter local, avec un phénomène qui est un peu calqué sur celui de l’alimentation, qu’on appelle le +slow-flower+, qui nous vient des Etats-Unis", confirme à l’AFP Mikaël Mercier, président de Val’Hor.

"Des fleurs 100% françaises", une gageure, à en croire Benjamin Perot, l’un des cofondateurs en 2016 de Monsieur Marguerite, fleuriste "écoresponsable". (...)

La faute à un maillage du territoire défaillant par rapport aux norias de camions néerlandais qui sillonnent le continent, constituant une logistique d’une efficacité redoutable, de l’aveu de l’ensemble des acteurs interrogés.

"La tulipe de Nice est produite dans la région de Nice, elle est achetée par un grossiste, elle remonte physiquement jusqu’en Hollande où elle est évaluée sur le marché au cadran qui fixe sa valeur, et ensuite elle est redispatchée" en France, parfois même à Nice potentiellement, affirme Mme Harang. (...)

start-up et fleuristes ne sont pas les seuls à se positionner pour satisfaire cette demande de fleurs "locales" en Europe, qui attire également... les Néerlandais eux-mêmes.

Pour rentabiliser le transport, "ce qu’on a imaginé, c’est de pouvoir rajouter de la plante verte française (dans les camions) à la fleur française", explique M. Louveau pour FleuraMetz. Un projet qui était prévu pour mars/avril dernier, mais remis à plus tard par la crise sanitaire.

L’envie de mettre en avant des fleurs made in France est en tout cas plus tangible que jamais, selon Sylvie Robert, directrice de l’association Excellence Végétale, qui développe le label Fleurs de France, créé en 2015.

"On va atteindre pas loin de 2.000 entreprises engagées, tous corps de métiers confondus", indique Mme Robert, selon qui lors des six premiers mois de 2020, "des enseignes de distribution notoires" comme Auchan, de grandes surfaces de bricolage comme BricoMarché, ont rejoint la démarche. (...)

Ce caractère incontournable de la rose rend les floriculteurs kényans optimistes, après la mise à l’arrêt du secteur pendant la crise sanitaire : "nous n’allons peut-être pas connaître une croissance à deux chiffres comme lors de la dernière décennie. Mais nous apprenons toujours", explique M. Tulezi, pour qui les producteurs kényans "seront toujours plus efficaces".

D’autant qu’il n’y a pour l’heure aucune obligation règlementaire pour le fleuriste d’indiquer la provenance des fleurs, "contrairement à l’alimentaire", déplore Masami Lavault, floricultrice urbaine derrière le cimetière parisien de Belleville. (...)