
Qu’un pouvoir soit contraint d’annoncer de sévères mesures d’austérité en pleine campagne présidentielle en dit long sur l’état de désagrégation dans lequel sombre notre pays, prochaine proie toute désignée du cyclone systémique européen.
Passons sur le détail des mesures annoncées par le premier ministre Fillon, toutes plus ridicules et vaines les unes que les autres. De la contribution honorifique des plus riches à la taxe sur les sodas en passant par celle des mutuelles ou la mise au rencard du plan dépendance, la rigueur prônée illustre surtout la panique et le désarroi général ambiant.
C’est qu’il ne s’agit plus de redresser quoi que ce soit, mais de coller en sauve-qui-peut quelques leurres grossiers pour tenter d’amadouer les terribles agences de notation et éviter, retarder plutôt, le moment fatidique où elles nous marqueront du sceau d’infamie.
Plus grave, le programme de l’opposition institutionnelle participe du même égarement pathétique. De Martine Aubry à François Hollande en passant par Ségolène Royal, tous débitent comme automates les credos réchauffés sur le retour à la croissance, sur l’emploi retrouvé ou sur la dette décrétée « ennemie » publique n° 1 de la France.
L’autre opposition ne parvient pas non plus à faire complètement le deuil d’un système en coma si dépassé que plus aucun remède de cheval, que ce soit du côté de la rigueur ou des plans de relance, n’a de prise sur lui depuis plus de trois ans. (...)
Le problème, pour tous les acteurs de la vie publique, n’est plus aujourd’hui de multiplier fébrilement les propositions révolues en se décalquant péniblement d’une pensée unique révolue. Il est d’admettre qu’il leur faut complètement revoir la logique de la production et de la distribution économique du pays.
Pour ce faire, trois axes de rupture me paraissent incontournables :
– gel immédiat de la dette publique ;
– mise sous contrôle du système bancaire privé, totalement responsable de la crise ;
– relocalisation des centres de décision politiques et économiques tant que la situation de crise européenne ou mondiale perdurera.(...) Wikio