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Dans les mers australes, des albatros "espions" sur la trace de pêches illégales
Article mis en ligne le 23 octobre 2018
dernière modification le 21 octobre 2018

Des grands albatros vont, ces prochaines semaines, aider à traquer dans les mers australes les bateaux suspects de pêche illégale, grâce à un système de balise porté par ces géants des océans, transmettant en quasi-simultané la localisation des navires qu’ils croisent.

C’est un programme scientifique pour préserver cette "famille d’oiseaux la plus menacée au monde", qui a débouché sur cet emploi indirect d’espion des mers, explique le Centre d’études biologiques de Chizé (CEBC) du CNRS, cornac du projet.

Entre novembre et mars, 150 premières balises vont être apposées sur des albatros des îles Crozet, Kerguelen et Amsterdam, dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), après des essais concluants début 2018.

"Ocean Sentinel", programme labellisé Conseil européen de la Recherche (ERC), est né d’une inquiétude sur un déclin démographique "très prononcé" des albatros des Crozet et Kerguelen, "suivis depuis près de 50 ans, dont on connaît tous les individus", explique à l’AFP Henri Weimerskirch, directeur de recherche au CEBC.(...)

Selon l’UICN (Union interntionale de conservation de la nature) 18 espèces d’albatros sur 22 sont menacées, dont certaines en danger d’extinction. A l’échelle mondiale, on compte environ 25.000 couples reproducteurs de Grand albatros (Diomedea exulans).

 Un "patrouilleur des mers" idéal -

D’où l’idée du CEBC d’une balise dernier cri, mise au point avec une société néo-zélandaise qui, de manière classique, va renseigner sur le comportement des albatros, leur état, leurs déplacements, mais aussi va détecter les radars des bateaux croisés en route par les oiseaux.

Un point crucial, sachant que lorsqu’ils se livrent à des pêches illégales, des bateaux peuvent "éteindre" leur "système d’identification automatique" (AIS, qui permet d’identifier statut, position, route des navires) pour passer en mode discret. Par contre, ils ne peuvent naviguer sans radar, pour des raisons de sécurité.(...)

Le Grand albatros dispose de la plus grande envergure au monde (jusqu’à 3,50 m), et peut parcourir jusqu’à 20.000 km en 15 jours de voyage d’approvisionnement, ce qui fait de lui un "patrouilleur des océans" de premier ordre, explique M. Weimerskirch.

Il est en outre "facile d’accès, pas du tout farouche" (même s’il faut se méfier des coups de bec). C’est donc un collaborateur idéal pour fixer la petite balise de 70 grammes sur le dos de l’oiseau (de 10-12 kilos) avec un fort adhésif ou la récupérer. Un collaborateur durable, qui plus est —les plus robustes peuvent vivre 60-70 ans. (...)