
Marjolaine, sauge, verveine, lavande... Au « jardin des tisanes » de l’hôpital psychiatrique de Montesson, dans les Yvelines, en prenant soin des plantes, on prend soin de soi. « Le jardinage est un accès aux souvenirs et une porte pour entrer en relation », dit une soignante. Prochaine étape ? Une ferme thérapeutique en 2022.
Le parc de trente hectares est parsemé d’arbres anciens, plantés quand le lieu était encore une maison de correction où les jeunes garçons se formaient entre autres au jardinage. Les animaux y ont aussi leur place : deux chevaux et un poney sont pensionnaires depuis deux ans et on croise parfois des chiens, dans le cadre de la zoothérapie. (...)
Chaque fin de semaine, le jardinier-médiateur reçoit des petits groupes de patients adultes au « jardin des tisanes ». Depuis 2017, une cinquantaine de patients se retrouvent pour divers ateliers sur ce qui était une pelouse sans grand intérêt entre les unités d’hospitalisation complète Renoir et Monet. Elle accueille aussi les familles qui désirent se voir dans un cadre serein. Conçu par Titouan Lampe, alors étudiant en paysagisme, ce lieu de 200 m2 a été pensé en fonction de contraintes de sécurité (...)
Le but : placer les patients dans un processus de soin, des plantes en l’occurrence, et les « rattacher à une forme de vie, de cycle naturel ». (...)
Au « jardin des tisanes », Jérôme Rousselle initie les patients à la botanique, les incite à « caresser, goûter, croquer » les plantes. Le jardinage permet de « maîtriser son corps : ne pas écraser ce qu’il y a autour, faire attention à ce que la graine aille bien dans le petit trou pour les semis... », dit-il. « Cela les fait sortir complètement de leurs problématiques. Tout d’un coup, ils vont oublier que le quotidien est compliqué »
(...) Son poste à temps partiel a été créé tout spécialement, les soignants ne pouvant pas absorber la masse de travail que représente l’entretien du jardin. Après trente ans passés dans la com’, il se donne pour mission que le lieu soit « un outil au service de la thérapie », entretenu « à 80 %, pour qu’il reste toujours 20 % d’activités à faire ». Un travail main dans la main qui permet de bons échanges avec les patients. (...)
Que ce soit par l’hortithérapie, à laquelle sept membre du personnel ont été formés, ou d’autres médiations, stimuler les sens peut aider à « raccrocher le patient à son histoire alors que la maladie mentale et l’hôpital déconnectent », note la psychiatre Karina Sanchez-Corvest. « La pharmacologie est très importante pour qu’un patient souffrant par exemple de schizophrénie ou de troubles bipolaires ait une disponibilité suffisante. Mais j’estime, et ce n’est pas l’avis de tous mes collègues, que la chimie et la parole ont leurs limites. Les animaux, le corps, le jardin... ces médiations thérapeutiques permettent de trianguler les relations que nous avons avec nos patients dont le rapport à l’autre est complètement chamboulé », explique-t-elle. S’occuper de plantes ou d’un animal permettrait à des patients qui ignorent parfois leur pathologie de « prendre conscience de l’importance du soin envers un être en vulnérabilité : le soigné soigne », développe la médecin qui regrette ne pas disposer d’une évaluation plus précise de l’effet de ces médiations. (...)
Reste à régler les problèmes « liés à la disponibilité des soignants et notamment des médecins-psychiatres et pédopsychiatres qui sont de plus en plus rares ».
(...) Si la qualité des sols le permet, il pourrait bientôt y avoir sur les terrains de bord de Seine de l’élevage et du maraîchage bio, avec des ventes en circuit court accessibles depuis l’extérieur et l’accueil de scolaires. Un appel à candidature devrait être lancé prochainement pour trouver les agriculteurs qui développeront le projet et auront la tâche de le rendre suffisamment productif pour qu’il puisse s’autofinancer. (...)