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Crise mondiale : « Nous sommes revenus quelques années avant 1914… »
Article mis en ligne le 2 septembre 2011
dernière modification le 1er septembre 2011

Où nous mène la crise actuelle ? Un retour en arrière sans précédent des politiques de redistribution des richesses, une activité économique en régression, un contexte géopolitique instable, où les puissances d’hier s’étiolent face à de nouveaux géants qui émergent : tels sont les ingrédients explosifs du monde présent. Face à la crise financière qui s’accélère, l’économiste altermondialiste Dominique Taddei préconise une série de mesures d’urgence et dégage des pistes pour une nouvelle éthique de l’économie et de la démocratie mondiale.

(...)Face à la gravité de la situation, c’est une rupture systémique qui s’impose pour l’économiste altermondialiste Dominique Taddei. L’ex fondateur du Conseil d’analyse économique (et ancien président de la Caisse des dépôts et de consignation) avance plusieurs propositions pour en finir avec un système économique qui engendre crise sociale, crise écologique et crises économiques à répétition, avec le risque d’affrontements géopolitiques majeurs. (...)

Il faut comprendre que les financiers vivent aujourd’hui de la peur qu’ils suscitent. Leur pseudo affolement oscille entre le montant des dettes publiques et la rechute de l’activité économique. La stagnation actuelle de l’activité économique, qu’on la qualifie ou non de récession, est en fait beaucoup plus gravement une dépression de long terme, d’une ampleur intermédiaire entre la dépression japonaise qui sévit depuis 20 ans et la grande dépression mondiale des années 30. Paul Krugman (économiste états-unien, prix Nobel de l’économie en 2008, ndlr) l’a bien démontré. Il n’y a évidemment aucune solution de type néolibéral au dilemme dans lequel on se trouve face à ce double péril. (...)

L’urgence d’un accroissement de la fiscalité sur les plus riches doit être au centre de la campagne et des débats publics. (...)

Quant aux mesures Fillon-Sarkozy de fin août, leur côté entourloupe est évident : on prétend leur reprendre 2% des cadeaux qu’on leur a fait précédemment et encore au mois de juin par l’allègement de l’impôt sur la fortune ! Ceci étant, il faut s’enfoncer dans la brèche : puisqu’il existe désormais un consensus pour faire payer les riches, c’est environ 100 milliards par an qu’il faut prélever. (...)

tous les amendements sociaux au capitalisme archéo-libéral qui avaient été menés pendant 60 ans, de la fin de la guerre de 14 aux années 70, ont été entièrement reperdus en une vingtaine d’années !
(...)

Disons-le sans ambages, l’aggravation brutale de la crise systémique globale durant cet été 2011 rend désormais totalement caduques les stratégies gradualistes de transformation, héritières du réformisme révolutionnaire prônées à la fin des années 60 ou de l’aile gauche de la social-démocratie. La désespérance sociale qui se développe partout ne peut plus attendre. Les tentations de l’extrême droite (la « chasse aux autres ») ou de la barbarie aveugle (émeutes anglaises) vont continuer à se répandre comme une traînée de poudre. S’il n’apparaît pas très rapidement une perspective positive de rupture systémique, dans toutes les principales dimensions de la crise globale, elles vont alimenter dans toutes les classes de la société, la chasse aux boucs émissaires et les politiques sécuritaires. C’est pourquoi, une stratégie altermondialiste adaptée à cette nouvelle phase de la crise globale doit articuler des mesures d’urgence et des mesures de moyen terme.
(...)

La remise en ordre de l’économie mondiale ne peut être durable sans rompre avec le paradigme dominant du libre-échange des marchandises, des biens et des services. Une future organisation mondiale du commerce, qui devrait d’ailleurs être une agence spécialisée des Nations unies comme les autres afin d’être soumise aux dispositions de la Charte des Nations unies, doit reposer sur un nouveau paradigme, un dépassement du libre-échangisme et du protectionnisme. Nous proposons de l’appeler l’échange loyal (fair trade)
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Il faut prendre conscience de ce que la démocratie de délégation que nous a léguée le siècle des Lumières, pour demeurer incontournable, est devenue totalement insuffisante.
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c’est une véritable démocratie coopérative qui reste à inventer, dépassant les formes de la démocratie de délégation et toutes les formes pré-existantes de démocratie participative, de Porto Alegre à Berlin. Il s‘agit de permettre à tous les citoyens d’œuvrer avec les élus du suffrage universel, pour l’ensemble des actions collectives (...)

Dans la décennie qui commence le seul débat qui vaille est celui entre une nouvelle extrême droite et une « gauche de gauche », capable de pensée stratégique.(...) Wikio