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l’Express
Covid-19 : pourquoi le risque d’une quatrième vague cet été est bien réel
Article mis en ligne le 14 mai 2021

Assistera-t-on à un nouveau divorce entre la science et le politique cet été ? D’un côté, l’exécutif affiche son optimisme alors que le pays se déconfine progressivement. "Je le dis de la façon la plus claire : nous sommes enfin en train de sortir durablement de cette crise sanitaire", a affirmé lundi le Premier ministre Jean Castex dans un entretien au Parisien.

De l’autre côté, nombre de scientifiques alertent sur les risques sanitaires. Car si les indicateurs montrent bien une baisse, la circulation du virus reste importante sur le territoire. Une quatrième vague dès cet été est redoutée pour plusieurs raisons.

La "période de risques" commence

Le calendrier du déconfinement, en trois étapes jusqu’au 30 juin, ne suffit pas à apaiser les craintes. "On rentre dans une période de risques", a notamment pointé le président de la commission médicale des Hôpitaux de Paris, Rémi Salomon, estimant jeudi sur BFMTV qu’on abordait "une période de trois ou quatre mois difficiles à passer" en raison des allègements des restrictions.

"On n’est pas à l’abri" d’un rebond de l’épidémie de Covid-19, a-t-il insisté. "Le relâchement des mesures de restrictions va avoir pour conséquence une recirculation du virus, tout va dépendre de l’ampleur de cette recirculation", a-t-il ajouté. Les indicateurs en baisse peuvent donner de l’optimisme mais comme l’explique l’infectiologue Karine Lacombe dans un entretien à L’Express, le danger, maintenant, est de baisser la garde : "Si on fait comme si l’épidémie était finie, la gifle risque d’être forte". (...)

Si le 19 mai ou le 10 juin, tout le monde est dehors et ne respecte plus aucun geste barrière, là aussi, ça va impacter". (...)

La couverture vaccinale n’est toujours pas suffisante (...)

Le Conseil scientifique, dans son dernier avis mis en ligne vendredi dernier, s’inquiète en particulier du "décalage entre les conditions d’ouverture envisagées et le niveau de vaccination de la population qui sera atteint" et prévoit une "période difficile (...) entre début mai et fin juin. "Une sortie précipitée" des mesures de freinage pourrait alors induire "la survenue durant l’été 2021 d’une possible quatrième vague." (...)

Pour aborder l’été dans de bonnes conditions, et espérer pouvoir tomber le masque en extérieur, il faudrait "au moins 50 % de Français vaccinés à la fin du mois de juin", selon l’épidémiologiste Philippe Amouyel sur RTL.

En vue d’un retour à la normale, pour atteindre l’immunité collective, il faudrait là "75% à 80% de la population totale vaccinée ou immunisée naturellement", d’après Olivier Guérin, membre du Conseil scientifique, toujours sur RTL. (...)

Autre sujet sensible, du fait des nombreuses réticences des parents : la vaccination des enfants et adolescents, pourtant jugée nécessaire par nombre de scientifiques pour atteindre l’immunité collective. (...)

La pression hospitalière est toujours très forte

Sur BFMTV jeudi, Rémi Salomon a également souligné que "les hôpitaux sont encore très saturés de patients Covid" malgré la baisse du nombre de cas positifs en France. (...)

La menace des variants est présente

Des inconnues sont présentes dans l’équation. Les variants en font partie. (...)
La France pourra-t-elle échapper au scénario catastrophe d’un rebond épidémique causé par ces variants, plus résistants ? "Il faut les surveiller comme le lait sur le feu", expliquait mi-avril le Pr Piarroux dans L’Express. Sa crainte : "Que ces nouvelles générations de virus continuent à se transmettre, même au sein d’une population en partie vaccinée. Il pourrait donc rester un fond de circulation virale, non négligeable, pendant l’été, du fait de ces variants, qui pourraient faciliter le redémarrage d’une épidémie à l’automne prochain".

D’autres questions restent en suspens : "Comment se comporte le variant anglais qui est prédominant chez nous en fonction de la température, par exemple ? On ne le sait pas, puisque ce variant anglais n’existait pas l’année dernière. Y aura-t-il d’autres variants ? On n’en sait rien non plus. Seront-ils plus transmissibles ? On n’en sait rien non plus", a déclaré Lila Bouadma sur Franceinfo.

Le variant indien cristallise aussi les inquiétudes. Mais le tableau n’est pas complètement noir : les vaccins à ARN semblent efficaces contre celui-ci, a indiqué mercredi l’Agence européenne des médicaments (EMA). Ceux à adénovirus, soit AstraZeneca/Oxford et Johnson & Jonhson, conserveraient aussi une efficacité, même si les recherches doivent encore être affinées.

Le seuil d’alerte fixé par l’exécutif est jugé trop haut (...)

Une population lassée par les restrictions

"Nos concitoyens doivent avoir conscience des enjeux soulevés par la réouverture, c’est également un des objectifs de ce présent avis. Leur adhésion individuelle aux mesures de protection dans cette période de réouverture est fondamentale pour aller vers un début d’été plus serein.", insiste le Conseil scientifique dans son dernier avis.

On l’a dit, les comportements de la population au fur et à mesure du déconfinement sont encore imprévisibles. Il en va de même si les fameux "freins d’urgence" sont activés, voire, dans le pire des cas, des confinements locaux, ou une nouvelle fermeture du pays. Dès le mois de janvier, le pouvoir s’inquiétait des appels de plus en plus nombreux à une "désobéissance civile". Après plus d’un an d’efforts, et en cas de rebonds épidémiques dans certains départements, les Français suivront-ils encore les règles sanitaires ? La question de l’acceptabilité risque encore de se poser.