
Avant de prendre le combiné, Michel (son prénom, comme celui de sa compagne, a été modifié) se désinfecte les mains. Pas question de déposer des virus sur le téléphone de Catherine, sa compagne depuis quinze ans. « Vu que je rentre du boulot, je redouble d’attention à la maison », explique-t-il, en appliquant son gel hydroalcoolique.
Son travail, au service équipement d’une mairie de la Drôme, le quinquagénaire l’aime beaucoup. Mais aujourd’hui, alors que l’épidémie de Covid-19 sévit particulièrement en Rhône-Alpes, devoir s’y rendre tous les jours met en danger son foyer. Et pour cause, si le rein qu’a reçu Catherine il y a un an lui a sauvé la vie, être une jeune greffée la rend encore plus fragile face au coronavirus. Elle présente un « surrisque significatif très élevé » de faire une forme grave, selon la classification du Haut Conseil de la santé publique (HCSP).
Les conjoints exclus du dispositif
Mais voilà, contrairement à ce qui s’était passé au printemps, les conjoints sont absents du dispositif gouvernemental pour les personnes vulnérables, celui qui détermine les indemnisations, les certificats d’isolement ou le chômage partiel pour les travailleurs les plus à risque de l’épidémie. Vents debout contre plusieurs aspects du décret dit du 11 novembre, neuf associations de santé − l’Andar (polyarthrite rhumatoïde), France Lymphome Espoir, RoseUp (cancers féminins), Coopération patients, Cancer contribution, AIDES (VIH), Aider à Aider (association de proches de patients atteints de cancers), Renaloo (pathologies rénales) et la Ligue contre l’obésité − montent au créneau. Ce lundi 23 novembre dans la matinée, elles déposeront une requête devant le Conseil d’Etat afin de demander au gouvernement de revoir sa copie.
« Ce décret pose problème : il met en danger la vie de personnes en les privant de la protection dont elles ont besoin » (...)
« Il y a un côté arbitraire et incompréhensible : comment des personnes peuvent être dans le même temps les plus à risque et pas concernées par le décret ? » (...)
A sa sortie, plusieurs syndicats avaient pourtant salué ce décret « protecteur » des plus vulnérables. « C’est en le regardant dans le détail que le bât blesse », estiment les associations, qui attaquent en référé devant le Conseil d’Etat pour obtenir une nouvelle mouture.
« Attention, précise Yvanie Caillé, nous ne demandons en rien une obligation à rester à domicile pour les personnes vulnérables. Nous sommes contre le confinement sélectif. Mais bien qu’elles aient le choix d’être, ou non, au travail, selon leur état et les conditions de sécurité qui y sont déployées pour elles. Nous voulons seulement un texte plus bienveillant. »