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Course à la 5G, d’autres formes de lutte prennent le relais
Collectif de défense des vieux objets non connectés
Article mis en ligne le 27 octobre 2020
dernière modification le 26 octobre 2020

Ces derniers mois, et plus que de coutume, des antennes-relais ont brûlé dans le monde entier. Tandis que les médias s’engouffrent dans la piste du complotisme pour dépolitiser les raisons de s’attaquer aux antennes-relais et à la 5G, la police fait son sale boulot, et a déjà arrêté quelques personnes. Ce jeudi 9 juillet deux hommes ont été jugés par le tribunal correctionnel de Lons-le-Saunier, accusés d’avoir incendié le 15 avril dernier un relais téléphonique à Foncine-le-Haut dans le Jura français.

Le procès des deux jurassiens est l’un des premiers médiatisés en France. Les inculpés auront à passer un examen psychiatrique avant l’audience [1]. Il semble pourtant que cette folie soit largement partagée.

Le 16 juin, deux autres personnes ont été interpellées par des gendarmes en planque, alors qu’elles pénétraient sur le site de l’antenne-relais 5G de Contes en pleine construction. Le dispositif de 21 mètres avait déjà été plusieurs fois la cible d’attaques (ventilateurs dégradés, câbles sectionnés), venant donner corps à la contestation que mènent depuis près d’un an les habitants de la commune, le maire et le collectif NARF (Non à l’Antenne-Relais Free) contre son installation, à coups de discussions publiques et de recours en justice [2].

Le 30 juin dernier, ce sont six personnes qui ont été interpellées dans le Nord pour l’incendie d’une antenne-relais 5G à Douai le 3 mai. Cinq d’entre elles passeront en procès le 30 juillet.
Il serait dommage de laisser se dérouler ces procès dans l’indifférence. Si nous voulons lutter ensemble, avoir la moindre chance de faire entendre notre voix et d’emporter quelques victoires, il nous faut soutenir toutes les initiatives venant s’opposer à ce quadrillage nocif de nos lieux et de nos vies. (...)

Si tous les acteurs de la contestation ne partagent pas, par exemple, le même idéal révolutionnaire, ni un consensus sur les modes d’action, on retrouve tout de même régulièrement des constats similaires sur l’exploitation des travailleurs et de l’environnement, les risques sanitaires, la centralisation, la marchandisation des données et le contrôle que ces technologies permettent, les profits qu’elles rapportent à des multinationales qui croulent déjà sous l’indécence de leur richesse, l’aliénation des individus (à commencer par l’atomisation des êtres devant leurs écrans, la destruction du lien social, la saturation d’informations biaisées, la perte de concentration et de facultés mentales et physiques, la dépossession des savoirs techniques et des possibilités de maîtrise des outils que l’on utilise). Et la liste est loin d’être exhaustive. Si certains cherchent à promouvoir des technologies plus démocratiques et plus « vertes », d’autres pointent les contradictions infinies du système et voient dans la critique ou la destruction de ces infrastructures un moyen d’attaquer l’ordre capitaliste en son cœur. (...)

Alors que le régime de surveillance prend des galons, à base de collecte des données qui ont explosé grâce au téléachat et aux temps de connexion majorés, de déploiement de drones ou de dispositifs de contrôle comme la reconnaissance faciale, dont la crise sanitaire a permis aux États-Unis de généraliser l’utilisation dans les aéroports (elle serait moins contagieuse que la vérification des passeports avec son mode d’identification sans contact…), que l’étau du tout-numérique se resserre et que des millions de travailleurs se retrouvent au chômage, les cotations en bourse des entreprises high-tech explosent. La fortune Jeff Bezos, le P-DG d’Amazon, aura augmenté de plus de 30% entre mars et mai, et celle de Mark Zuckerberg de plus de 46% (soit un pactole de trente milliards de dollars supplémentaires pour le patron de Facebook) [7].
Et pendant ce temps, l’extraction minière des métaux et terres rares nécessaires à l’industrie numérique continue de dévaster les territoires chinois, africains, américains, écrêtant les montagnes, éventrant les plaines, intoxicant les cours d’eau, à coups de travail sous-payé, de guerres civiles pour la ressource et de cancers distribués aux populations environnantes.
Générations à obsolescence programmée

Comme la 3G et la 4G, la 5G vient répondre à la saturation menaçante des réseaux, vise une augmentation du débit et une diminution du temps de latence. Sa particularité réside cependant dans un fonctionnement multicouche, capable de recevoir de multiples types de signaux sur des fréquences différentes. C’est en cela qu’elle permettra de développer massivement la médecine à distance, les usines du futur, l’internet des objets [8]. On s’attend à la connexion d’un peu plus de 50 milliards d’objets d’ici 2025 : voitures autonomes bien sûr, montres, frigos, aspirateurs, systèmes de commandes à distance des maisons (tout sera revendu !), mais aussi colis, conteneurs, équipement industriel, technologies de la santé…

Alors qu’internet pompe 15 % de l’électricité mondiale (soit l’équivalent de 100 réacteurs nucléaires) [9], il s’agit de développer toujours plus les infrastructures du réseau. (...)

Depuis 2017, des scientifiques de tous les pays alertent sur les dangers de l’exposition aux ondes et appellent à un moratoire sur la 5G [15].
Des associations pour la protection de l’environnement et travaillant sur les risques sanitaires liés aux ondes ont déposé des recours devant le Conseil d’État [16].
Le 25 janvier 2020, a eu lieu la première manifestation internationale contre la 5G, suivie par d’autres, le 28 avril et le 4 mai à La Haye. Alors que les générations précédentes d’internet ne nous exposaient pas à plus de 6 GHz, la contestation publique sous ses multiples manifestations retarde l’attribution des bandes 26 GHz aux opérateurs. La Suisse et la Belgique, entre autres pays, ont dû mettre en place des moratoires ralentissant l’avancée des travaux.
Concertation oui mais pas avec n’importe qui

C’est en partie grâce aux vagues de sabotage qui ont agité les médias au cours de ces derniers mois qu’un peu de temps a été gagné. Cette réponse a généralement le mérite de ne pas s’embourber dans l’illusion d’une régulation démocratique et citoyenne. On le sait, les comités d’éthique, les consultations publiques ont pour mission de proposer des simulacres de concession pour désamorcer les résistances qui leur sont opposées, rallier à eux les plus progressistes, rééduquer les idéalistes, isoler les radicaux, diviser enfin le bloc qui leur fait face (...)