
Le retour « à la normale » pourrait s’avérer délicat, si ce n’est purement impossible. Même si la stratégie du confinement porte ses fruits, le virus pourrait être régulièrement réintroduit dans la population par des porteurs asymptomatiques, notamment à la faveur de voyages internationaux. Quant à l’espoir d’un vaccin, il a peu de chances de devenir réalité avant 12 à 18 mois. Autrement dit, si l’on veut limiter les risques de résurgence du virus, il va nous falloir changer durablement nos habitudes. Tour d’horizon.
(...) les pouvoirs publics risquent de devoir jouer encore quelques mois au jeu du stop ou encore, avec les mesures sociales qui visent à empêcher suffisamment le virus de circuler pour éviter de saturer les urgences. C’est ce que montre le graphe ci-dessous, également tiré du rapport de l’Imperial College. (...)
Ce ne sont pas les seuls à prédire qu’il va falloir répéter les mesures choc comme les confinements mis en place par l’Italie ou la France. Dans une autre étude scientifique (une prépublication, qui n’a pas encore été relue et validée par des pairs), des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont eux aussi modélisé l’impact de différentes stratégies de contrôle de l’épidémie. Ils soulignent toutefois le besoin de modèles plus précis pour tenir compte de la contamination au sein d’un même foyer, ainsi qu’au sein des institutions médicales.
La question des tests. Certains pays asiatiques comme la Corée du Sud, ont intégré le dépistage massif de la population à leur réponse sanitaire. Dans leur rapport, les épidémiologues de l’Imperial College le reconnaissent : (...)
Sous nos latitudes, cette stratégie est pour l’instant difficile à mettre en oeuvre de façon systématique, les capacités de test fonctionnant souvent à leur maximum, et la chaîne d’approvisionnement des réactifs étant, de par l’explosion de la demande internationale, mise à rude épreuve. Du côté de certains experts consultés par les gouvernements, on semble en être conscient. (...)
Cette stratégie de tests massifs, utilisée notamment par les Coréens, est celle que nous préconisons de mettre en œuvre pour la sortie du confinement. Dans 30 ou 40 jours, lorsque le confinement commencera à être desserré, il faudra ainsi tester massivement la population. »
Le retour d’expérience de la Chine. Les retours de Wuhan, aux avants-postes de la pandémie, sont encourageants : le 20 mars, la Chine fêtait son 2e jour sans nouveau cas local de Covid-19. Ils plaident pour un changement radical de nos habitudes de voyage. (...)
Plusieurs villes et provinces chinoises, dont Pékin, imposent désormais des contrôles sévères (ainsi qu’une quarantaine obligatoire de 14 jours) pour toute personne revenant de l’étranger.
Changer nos habitudes culturelles. En attendant un vaccin à même d’immuniser les populations, le monde semble réduit à changer certaines de ses habitudes, pour longtemps.
La distanciation, impliquant de limiter les rassemblements, d’éviter de se saluer par une bise ou une poignée de main, pourrait devenir une nouvelle norme sociale. La façon dont l’on consomme la culture, au cinéma ou au musée, risque aussi d’être durablement affectée. Enfin, l’exemple chinois siffle, au moins pour quelques mois, la fin de l’insouciance et des sauts en avion d’un week-end à l’autre bout de l’Europe.
L’impact politico-économique. La pandémie a aussi provoqué un krach boursier, séisme dont les répliques n’ont pas fini de se faire sentir. Sur le plan politique, l’exemple de la Chine, avec un régime autoritaire ayant réussi à contenir l’épidémie grâce à des moyens technologiques confinant à la surveillance de masse, pourrait inspirer d’autres pays pour le contrôle des malades. Au risque que ces outils, une fois en place, soient utilisés à d’autres fins ?
L’impact environnemental. Dans l’immédiat, l’arrêt brutal d’une bonne part des activités économiques non essentielles se manifeste par des effets inédits sur les niveaux de pollution atmosphérique. Mais la question de l’effet à plus long terme de la pandémie sur le climat est délicate – et encore ouverte. (...)