
En pleine crise sanitaire, alors que les hôpitaux publics font face à toujours plus de patients atteints du Covid-19, le premier TGV médicalisé d’Europe est parti de Strasbourg pour en évacuer une vingtaine vers des hôpitaux des Pays-de-la-Loire, ce jeudi 26 mars. Le but ? Soulager les hôpitaux du Grand Est saturés. La Fédération de l’Hospitalisation Privée demande à ce que les cliniques soient directement mobilisées par le ministre de la Santé et les directeurs généraux d’ARS”.
Dans le Grand Est, par exemple, plusieurs patients atteints du Covid-19 ont ainsi été évacués ces derniers jours vers Marseille et Bordeaux, puis vers l’Allemagne et vers la Suisse.
Or dans le même temps, “70 places de réanimation ont été libérées dans des cliniques”, qui n’avaient “pas toutes été sollicitées”, a déploré la FHP auprès de l’AFP.
Ce 26 mars, en Île-de-France, la situation semble évoluer et “la mobilisation des cliniques, aux côtés des hôpitaux publics et associatifs, est totale”, selon Lamine Gharbi, président de la Fédération des hôpitaux privés, mais ce n’est pas la même chanson pour toutes les régions (...)
“Nous avons un étage entier vide, neuf respirateurs, 40 lits et nous n’avons personne. Nous sommes obligés de pousser des soignants à prendre des jours de congés alors qu’ils ne le souhaitent pas. En revanche les hôpitaux publics nous appellent pour qu’on leur passe nos respirateurs. Alors qu’ils pourraient très bien faire venir les patients ici, il y a tout ce qu’il faut”. (...)
Prioriser des hôpitaux de première ligne
Pourtant, il y a bien une explication à ce choix fait par les ARS et elle découle de la mise en place du Plan Blanc. L’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France nous a éclairé sur la question :
“Avec la crise que l’on est en train de traverser, le Plan blanc, plan de gestion des crises sanitaires, a été mis en place. Dans ce cadre, il a été établi (au ministère) une hiérarchie au niveaux des hôpitaux, publics et privés. Les hôpitaux de première, deuxième, troisième et quatrième ligne. En première ligne, nous avons priorisé les hôpitaux publics car ce sont des structures qui disposent d’un service d’urgences et qui accueillent un siège du Samu, ce qui ne peut pas se trouver dans le privé. Ce sont les structures qui ont les moyens les plus importants qui sont postées en premier et qui prennent les cas les plus graves. Ensuite viennent les cliniques”.
On nous explique également que les cliniques privées peuvent-être sollicitées pour accueillir des patients -qui ont d’autres pathologies- déplacés des hôpitaux pour faire de la places aux malades du Covid-19. (...)
Pour Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fehap (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne), “il y a eu un ‘retard à l’allumage’” mais les lits des hôpitaux privés commencent à être “bien occupés”. “L’idéal serait de ne pas reproduire ce qu’il s’est passé en région Grand-Est (...). N’attendons pas que les hôpitaux publics soient surchargés et leurs soignants épuisés”, prévient-elle.
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« On a demandé à quelques hôpitaux privés de nous prendre des malades, certains jouent vraiment le jeu, d’autres prétendent jouer le jeu, affirmait le chef du service des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris. Quand on les appelle pour leur proposer un malade, ils trouvent des raisons pour ne pas le prendre. Il y a des déclarations très publiques des hôpitaux privés, et sur le terrain, on perçoit souvent des réticences. »
Ces propos n’ont pas manqué de faire bondir la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), qui regroupe 1 030 cliniques et hôpitaux. « C’est comme si nous comparions nos concitoyens confinés. Parce qu’il y a un Français qui reçoit une amende, est-ce qu’il faut dire que tous les Français ne jouent pas le jeu ? », balaie son président, Lamine Gharbi. Pour lui, devant l’ampleur de cette crise sanitaire, l’heure est plus que jamais à la collaboration. « Il faut que les mentalités évoluent. Il n’y a plus de barrières public, privé, associatif, il n’y a plus de médecins libéraux ou salariés, on est tous ensemble. »
En France, le passage en stade 3, le 14 mars, a fait entrer dans le processus de soins les 500 cliniques et 300 établissements de soins de suite et de rééducation du privé pour soulager et désengorger les hôpitaux publics. Sont aussi mobilisées les 704 structures sanitaires du secteur privé non lucratif réunies au sein de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs (Fehap).
« Les cloisons tombent » (...)