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Cop 22 à Marrakech : une célébration déjà vue des fausses solutions et des mensonges pour « sauver le climat »
Attac et Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) Maroc
Article mis en ligne le 17 novembre 2016

La 22e Conférence de l’ONU sur les changements climatiques (Cop) a débuté le 7 novembre au Maroc et se poursuit jusqu’au 18 novembre. Elle doit permettre la mise en œuvre des décisions prises l’an dernier à Paris. Les gouvernements du monde entier doivent notamment proposer des solutions concrètes pour protéger les pays du Sud, en particulier l’Afrique, premières victimes des conséquences du réchauffement de la planète. Cette réunion fait cependant la part belle à la finance, aux grandes entreprises, et à leurs activités toujours plus polluantes, dénonce Attac Maroc.

(...) Ainsi donc, au niveau global comme au niveau africain, ce sont les banques et les entreprises qui capturent le débat sur le changement climatique. Celles-là même qui, par leur recherche effrénée du profit avant tout, sont les principales responsables du réchauffement climatique. Les thématiques choisies pour cet espace sont également lourdes de sens : la finance climatique, le transfert de technologie, l’industrialisation et l’adaptation de l’agriculture.

Pour la Banque africaine de développement, le développement agricole de l’Afrique passe par les engrais (...)

Le Président de la Banque africaine de développement se déclare sur la même longueur d’onde que le PDG de l’Office chérifien des phosphates qui exploite le gisement de phosphate marocain, le plus important au monde et est donc un acteur incontournable pour le commerce des engrais. L’Office chérifien des phosphates, qui utilise des procédés mis au point par Monsanto et prétend « contribuer à une réelle révolution verte du continent », vient même de créer une nouvelle usine, l’“Africa Fertilizer Complex” afin de pouvoir inonder le marché africain. Et ce alors que l’Union européenne envisage de bloquer les importations d’engrais marocains du fait de leur forte teneur en cadmium [1].
Soutenir l’adaptation au changement climatique de l’agriculture africaine… avec des fonds privés

Ainsi les multinationales du secteur des engrais vont continuer à faire des profits énormes comme lors de la crise alimentaire de 2007. Et continuer les mêmes agissements dans les négociations climatiques. (...)

Elles feront la promotion de la « réduction des missions liées à la déforestation et la dégradation des forêts », de l’« Agriculture Intelligente face au Climat » (Climate Smart Agriculture) et désormais de leur nouvelle trouvaille : l’initiative « Adaptation de l’agriculture africaine ». Née pour capter l’argent du Fonds vert climat, cette initiative, encouragée par des institutions comme l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) envisage de soutenir l’adaptation au changement climatique de l’agriculture africaine avec des fonds privés.

Ne nous y trompons pas : cette initiative qui vise selon les promoteurs à l’adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques, n’est en fait qu’une nouvelle illusion à servir aux paysans et paysannes d’Afrique et dont déjà 27 pays Africains se font complices.

La cible de toutes ces initiatives aux noms ronflants, c’est la destruction de l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire. (...)

La Cop 22 de Marrakech comme la précédente de Paris a aiguisé tous les appétits, surtout ceux du secteur du business et de belles opérations marketing ont été montées pour le profit de la soi-disant « finance verte ». Gérard Mestrallet, le patron du groupe français Engie déclarait que 70 % des investissements pour réaliser les objectifs de lutte contre les changements climatiques viendraient de sources privées. Il faut dire que le secteur de l’énergie – fossile et renouvelable – est l’un de ceux qui attire aujourd’hui fortement les investisseurs en quête de sur-profits.
Ne pas laisser le débat climatique aux mains de la finance

Et le Maroc n’est pas en reste. Alors qu’il fait appel à l’investissement étranger pour créer non seulement son mégaprojet de centrale solaire Noor, mais aussi de nouvelles centrales à charbon et à gaz (tout en n’écartant pas l’éventualité de centrales nucléaires). Il se positionne de plus en plus sur les marchés africains : c’est ainsi que la société marocaine Nareva, filiale du holding royal SNI et la société française Engie ont conclu un protocole d’accord afin de conquérir de nouveaux marchés sur le continent, et dans un premier temps, en Égypte, Côte d’Ivoire, Sénégal, Ghana et au Cameroun. Comble de toutes les contradictions, il passe un accord avec la Côte d’Ivoire afin de créer des centrales à charbon.

Ainsi donc, Marrakech ne sera ni plus ni moins que le rendez-vous déjà vu de la célébration des fausses solutions et des mensonges pour « sauver le climat ». Des banques, comme la Société générale ont commencé depuis bien longtemps à parrainer des rencontres climat et la grosse armada des multinationales, surtout celles engagées dans l’agriculture industrielle et l’énergie, est déjà entrée en scène. (...)