
A nouveau, Krugman met en garde les européens. Les mesures prises contre la crise, tant au niveau de la BCE que des plans de relance, sont insuffisantes, juge-t-il, et en tout cas sans commune mesure avec l’ampleur de celles qui ont été décidées aux USA. S’il pointe du doigt la déficience des responsables, et se montre particulièrement sévère à l’encontre du ministre des Finances allemand, les raisons profondes de ce manque de réaction sont autres, selon lui. L’Europe « se révèle structurellement faible en temps de crise », diagnostique-t-il, en raison de l’absence de centre de décision qui soit aussi intégré que ne le sont les économies interdépendantes de la zone euro. A la lumière du cas de l’Espagne, qui aurait grand besoin aujourd’hui d’une dévaluation compétitive, il s’interroge : la monnaie unique est-elle une erreur, en passe de se transformer en un insupportable lit de Procuste, trop grand pour les uns, trop petit pour les autres, mettant tout le monde à la torture et signant ainsi son échec ? Il est encore temps de donner tort aux sceptiques, conclut-il, mais à condition que les décideurs européens fassent enfin preuve de leur sens des responsabilités.