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SOS Mediterranée
Conséquences des nouvelles mesures contre les ONG. SOS Mediterranée
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Article mis en ligne le 21 juin 2023

Depuis fin 2022, le nouveau mode opératoire imposé par les autorités italiennes affecte drastiquement la capacité opérationnelle des ONG de sauvetage toujours en action en Méditerranée centrale. Résultat, la mortalité augmente et le coût des opérations explose.

«  Ce mois d’avril nous a rappelé avec horreur la situation d’urgence humanitaire en Méditerranée centrale et les conséquences de la nouvelle tendance qui consiste à assigner des lieux sûrs éloignés aux navires des ONG  », explique Daniel, marin-sauveteur à bord de l’Ocean Viking. Dans une brève vidéo, il souligne que le mois d’avril a été le plus meurtrier depuis 2017 et que sur cette période notre navire a été éloigné pendant 17 jours de la zone de recherche et de sauvetage et a dépensé 80 000 € de plus en fuel pour couvrir les 5000 Km supplémentaires imposés par ces nouvelles directives. «  Cette hausse des coûts pourrait empêcher les ONG de poursuivre leur mission de sauvetage à plus long terme  », précise-t-il.

Aujourd’hui, une journée en mer coûte 24 000 euros à l’association.

Dès le mois de décembre 2022, avant même la publication du décret par le gouvernement italien le 2 janvier 2023, promulgué en loi depuis, des ports de débarquement ont été immédiatement attribués aux navires humanitaires après un sauvetage, mais ces ports sont très éloignés de la zone de détresse de Méditerranée centrale, quand ils ne sont pas littéralement à l’opposé du territoire italien (à 1000, voire 1 300 km de navigation). Les navires humanitaires reçoivent instruction de les rallier sans délai, sous peine d’amende ou de détention et ne peuvent plus optimiser leur présence sur place en recherchant d’autres embarcations en détresse. (...)

Les temps de navigation et donc la consommation de carburant s’accroissent considérablement, ce qui provoque de nouveau une forte hausse des coûts opérationnels, en plus du doublement des prix du carburant en 2022.

Face à ces évolutions, l’un des principaux défis pour les ONG comme SOS MEDITERRANEE est donc d’ordre économique. Dans un contexte de forte inflation, alors qu’aucun financement d’État ou européen n’est consacré au sauvetage en Méditerranée centrale, réunir les fonds pour soutenir les besoins financiers en hausse constante constitue un défi sans cesse renouvelé.

 Six personnes meurent chaque jour en Méditerranée centrale 

Encore plus grave, proposer des lieux sûrs très éloignés a pour conséquence de tenir les navires humanitaires hors des zones de détresse pendant de trop nombreux jours, alors même que les moyens de sauvetage y font toujours cruellement défaut et que la coordination par les autorités est défaillante depuis des années.

Dans le même temps, le nombre de traversées étant en forte augmentation depuis les côtes libyennes et tunisiennes, la mortalité atteint des niveaux inégalés depuis 2017 sur les premiers mois de l’année 2023, comme en atteste l’Organisation internationale pour les migrations (...)