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Consentement, intégrité, éthique Trois libertés menacées
Article mis en ligne le 28 août 2018
dernière modification le 26 août 2018

Depuis plusieurs mois, certains tabous qui régissent la sexualité occidentale sont mis au jour et en débat de façon spectaculaire, comme chacun le sait. Ce que l’on ignorait ou recouvrait du voile du silence donne aujourd’hui lieu à controverse, mais aussi, collectivement, à des processus de reconnaissance (sous toutes ses formes) et surtout, politiquement, à des lois, partant notamment d’une redéfinition de la notion de consentement : pour délicate qu’elle soit, cette redéfinition paraît fondamentale, elle bouleverse états d’esprit et pratiques. Elle nous vient, au même titre d’ailleurs que la force des mouvements de protestations qui l’accompagnent, des États-Unis.

Aujourd’hui, une éminente figure universitaire américaine, Avital Ronell, est attaquée par un ancien étudiant qui estime avoir été injustement traité. Si la requête de cet étudiant est de droit justifiable, il ne faudrait pas qu’elle entraîne de graves confusions qui dévaluent toutes les avancées politiques, éthiques et intellectuelles auxquelles sont attachées les plus progressistes des Américains. Ces avancées ont en effet un double revers sombre : le lynchage, auquel se prêtent malgré eux ou en conscience les médias, et l’atteinte à l’intimité et à l’intégrité d’une personne, cette liberté intérieure sans laquelle aucune démocratie n’est possible. En l’occurrence, confondre sans discernement harcèlement – dans un cadre professionnel – et vie privée – hors de ce cadre - relève à la fois du lynchage et de l’atteinte aux droits de l’homme et de la femme : ira-t-on reprocher à une femme libre toute une vie intime, librement consentie, et ses affinités intellectuelles comme une opprobre, parce qu’elle est en procès avec un étudiant ? N’est-on pas là en train de confondre la liberté du consentement et le harcèlement pour verser dans un faux moralisme, puisqu’il ne prend les visages du puritanisme que pour n’être au fond que le prétexte à l’exposition la plus dégradante possible de l’intégrité d’une femme ? (...)