
Le 16 février dernier, la société américaine Chevron-Texaco a été déclarée coupable de destruction sociale et environnementale en Amazonie équatorienne.
Selon plusieurs experts, l’étendue des dégâts est comparable à l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl et de loin supérieure à d’autres importantes destructions liées à l’exploitation pétrolière.
Le rapport du juge oblige Chevron-Texaco à payer un montant total proche des 9,5 miliards de dollars, montant qui sera doublé s’il n’y pas d’excuses publiques faites aux victimes via les médias équatoriens et américains dans les 15 jours. Le montant est remis en question, car, en définitive, qu’on le veuille ou non, on est en train d’évaluer la vie de la nature et des gens de la région. Bien qu’il existe des estimations techniques bien supérieures à celle posée par le juge, cela reste néanmoins un résultat exemplaire qui laisserra des traces dans le monde.
La première leçon est que ce triomphe d’une lutte pour la justice environnementale a été arraché par les secteurs populaires, des paysans, et cinq communautés indigènes, qui se sont unis et organisés autour du Front de Défense de l’Amazonie, ont formé des cadres politiques et techniques, ont utilisé les moyens de lutte à leur portée, ont réussi à construire des alliances et ont eu la persévérance de poursuivre cette cause depuis 1993, malgré les ruses de l’entreprise accusée. Bravo à eux et à leur exemple, qui non seulement est important pour l’Équateur, mais qui représente aussi un précédent au niveau mondial. Nous espèrons que leur exemple sera suivi rapidement dans tous les pays touchés par les multinationales.(...)
Ce triomphe est donc bien celui de personnes organisées, et non pas d’un État qui n’a pas mené la moindre action pour défendre ses citoyens, tout comme il ne l’a pas fait non plus lors de processus polluants engagés plus tard par d’autres compagnies pétrolières, telle que la compagnie d’État Petroecuador.
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