
URSS, 19 août 1991 : huit apparatchiks exerçant de hautes fonctions au sein de l’Union soviétique profitent des vacances de Mikhaïl Gorbatchev dans sa datcha de Crimée pour tenter de prendre le pouvoir par la force. Hostile aux réformes, ce “Gang of Eight” de communistes orthodoxes (qui se fait appeler comité d’Etat pour l’état d’urgence) veut enrayer la perestroïka et la perte de contrôle des pays satellites. Alors qu’il visait à sauver les apparences d’une Union nécrosée, ce putsch raté précipita sa chute.
Mais il existe un aspect méconnu de cet épisode historique déjà largement documenté. Pendant les deux jours du coup d’Etat, tandis que Boris Elstine haranguait la foule juché sur un tank, pendant que la communauté internationale s’offusquait, tous les médias russes étaient mis en coupe réglée, soumis au blackout. Tous les canaux étaient fermés, sauf un : Usenet, cet aïeul des chatrooms capable de survivre sans l’assistance d’Internet. Pendant 48 heures, quelques dizaines d’individus ont alimenté ce petit tuyau, dernier moyen de communication vers l’extérieur. (...)
"Ne vous inquiétez pas, nous allons bien, même si nous avons peur et que nous sommes en colère. Les rues de Moscou sont remplies de chars, je les déteste. Ils essaient de fermer tous les médias, ils ont coupé le signal de CNN il y a une heure, et la télévision soviétique ne diffuse plus que des opéras et de vieux films. Mais, Dieu merci, ils ne considèrent pas Relcom comme un média de masse, ou ils l’ont seulement oublié. Désormais, nous transmettons suffisamment d’informations pour être emprisonnés jusqu’à la fin de nos jours 🙂" (...)