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Basta !
Comment une poignée d’élus bloquent une alimentation saine pour tous les enfants
Article mis en ligne le 23 juin 2018
dernière modification le 22 juin 2018

C’était l’une des mesures emblématiques du projet de loi issu des États généraux de l’alimentation : atteindre 20 % de produits bio dans la restauration collective publique d’ici 2022. Adopté en première lecture par les députés le 30 mai, cet objectif inscrit dans l’article 11 du projet de loi a été supprimé lors de son examen en Commission des Affaires économiques le 14 juin. Trente sénateurs du groupe Les Républicains ont en effet porté un amendement qui conserve le seuil de 50 % de produits de qualité et labellisés mais ne comporte plus d’objectif sur le bio [1].

Des arguments fallacieux

Comment ces élus justifient-ils ce retrait, alors même que 90 % des parents sont intéressés par une offre de produits biologiques à l’école [2] ? D’après ces sénateurs, l’objectif des 20 % pourrait se heurter aux capacités de production, avec le risque « de voir les collectivités territoriales avoir recours à l’importation ». « C’est le serpent qui se mord la queue », réagit Stéphanie Pageot, présidente de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), contactée par Basta !. Pour créer une dynamique et un marché supplémentaire pour structurer la filière, nous avons besoin d’un objectif. » Les arguments avancés par Les Républicains sont d’ailleurs démentis par ce qui se passe localement. La décision d’une collectivité locale de s’approvisionner avec des aliments biologiques entraine généralement la création de coopératives de producteurs afin d’assurer l’adéquation entre offre et demande. (...)

La question du surcoût des repas est l’autre argument avancé par les sénateurs. « Cela traduit une méconnaissance des pratiques, déplore Stéphanie Pageot. Ceux qui introduisent des aliments bio dans les cantines travaillent sur les menus, le gaspillage alimentaire, en alliant le tout à des animations pédagogiques. Il est nécessaire d’accompagner ceux qui se lancent mais ce n’est pas nécessairement synonyme de surcoût. » (...)

Seulement 2,9 % de bio dans les cantines en 2017

Ce n’est pas la première fois que les sénateurs bloquent le développement de la filière bio. En 2016, la députée Brigitte Allain propose d’introduire 20 % de produits bio dans les cantines d’ici 2020. La proposition, votée par l’Assemblée nationale, est retoquée par les sénateurs... « C’est important que l’objectif apparaisse dans la loi même si nous savons bien qu’il ne suffit pas de l’inscrire pour que ça devienne réalité », souligne Stéphanie Pageot. Ces dix dernières années, les gouvernements successifs ont tour à tour affiché de louables ambitions, mais sans ne jamais les faire suivre d’effet. (...)