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Comment les travailleurs belges ont bloqué la retraite à points
Article mis en ligne le 15 décembre 2019

Amis français, n’hésitez pas à regarder en Belgique : il y a deux ans, gouvernement et patronat ont tenté d’imposer une « pension » à points. Les travailleurs ont réussi à les faire reculer. Retour sur une victoire – et non pas une histoire – belge.

Une tombola organisée par la Commission européenne. Car la retraite à points est bien une « demande » venant de l’Union européenne. Partout où ce système est imposé, les montants des retraites ont diminué, l’âge pivot a reculé. Comme en Allemagne, où les retraites ont baissé de 10 % par rapport aux salaires. Et où 2,7 millions des plus de 65 ans vivent sous le seuil de pauvreté. Ou comme en Suède, où les travailleurs doivent bosser jusqu’à 68,5 ans pour toucher le montant qu’ils avaient avant la réforme, à 65 ans.

Ce système à points favorise l’assurance privée : vu que les retraites sont plus basses et que les travailleurs ne savent que très peu de temps avant leur retraite le montant de celle-ci, ils sont plus enclins à prendre une assurance individuelle afin de pallier aux mauvaises surprises.

Avec la fin du système par répartition, au revoir la solidarité interprofessionnelle et intergénérationnelle. Au revoir les revendications collectives. Bonjour la privatisation des retraites.

Grâce au travail de sensibilisation des syndicats et du PTB, les manœuvres du gouvernement afin d’enfumer les travailleurs échouent.
Mobilisation de la rue

Convaincus de la dangerosité des plans du gouvernement, ils sont plus de 70 000 dans les rues bruxelloises le 16 mai 2018, lors d’une manifestation centrée sur le refus de la pension à points. Quelques jours après, un prédécesseur de Daniel Bacquelaine, le député fédéral Vincent Van Quickenborne, confirme à la télévision ce que les travailleurs savent déjà : le gouvernement n’osera pas imposer la casse du système par répartition en mettant en place le système à points durant cette législature. (...)

plus que les calculs politico-politiciens, c’est bien la mobilisation de la rue qui a fait reculer le gouvernement libéral.
Les leçons de la victoire

Les organisations qui ont réussi à bloquer la réforme ont tiré des leçons. D’abord, le sujet des retraites est l’un de ceux où la colère est la plus grande chez les travailleurs. Ensuite, la pression populaire s’est exprimée via un mouvement large qui a réuni des travailleurs de tout le pays, en front commun syndical, interprofessionnel, mais aussi des associations citoyennes, et avec le soutien de la population. Preuve de ce soutien, un sondage paru en juin 2018 montrait que la majorité de la population voulait prendre sa retraite plus tôt, et pour un montant plus élevé. Trois quarts des travailleurs belges disaient avoir peur de ne pas avoir une retraite décente.2

Autre leçon : un objectif clair. Les 70 000 personnes qui ont manifesté en mai 2018 l’ont fait en se montrant fermes quant à leur refus du système à points. Pas d’aménagements possibles, c’était non, et « juste » non. Ce sont cette unité et cette clarté par rapport à l’objectif qui ont mené les travailleurs à la victoire. Et qui donnent maintenant des idées pour aller plus loin… (...)

Les organisations syndicales et le PTB sont passés à l’offensive : pour une pension minimum de 1500 euros net par mois. La campagne du parti de gauche est d’ailleurs en plein boum. Les 100 000 signatures de citoyens que le PTB a recueillies afin de déposer une proposition de loi d’initiative citoyenne (la première dans l’histoire du pays) pour arracher cette pension minimum sont sur le point d’être déposées… Un succès qui s’explique en partie par le signal envoyé en 2017-2018 : les travailleurs peuvent gagner face au gouvernement.