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Comment les ruptures nous transforment
MARIN, Claire. Rupture(s). Comment les ruptures nous transforment. Éditions Le Livre de Poche, 2020. 168 pages.
Article mis en ligne le 8 janvier 2021
dernière modification le 7 janvier 2021

Et si les ruptures façonnaient ce que nous sommes ? Que la rupture soit amoureuse, un accident, une maladie, l’être est renvoyé à lui-même dans un vide existentiel qu’il doit dépasser pour se redéfinir. Alors, comment les ruptures nous transforment ?

“Notre vie n’est faite que de ruptures“, clame en introduction de son livre Rupture(s), Claire Marin, philosophe des épreuves de la vie. “On ne rompt pas comme on découpe le long des pointillés, respectant soigneusement le patron qui reprend notre forme exacte. On déchire dans le tissu d’une vie commune où les identités des uns et des autres se sont si étroitement mêlées que plus personne ne sait vraiment où il commence et où l’autre s’arrête.“ Pour Claire Marin : “La rupture, qu’on le choisisse ou qu’on la subisse, nous inflige une tension psychique et physique insupportable, il nous faut supporter la déformation de notre identité, de notre existence.“
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Révolution intime

Comment continuer à être soi même après une rupture qui vient chambouler une vie ? “Après la rencontre d’un être qui me touche et m’ébranle par l’amour ou l’admiration qu’il fait naître en moi, par une maladie ou le choc d’un accident, la perte inconsolable d’un être cher, je suis profondément désaxé qu’il ne m’est plus possible de rester fidèle à celui que j’étais. Changer devient nécessaire. Il faut que cet écart intérieur, cette modification intime se donne à voir, par souci de vérité, mais aussi parce qu’elle doit être vécue, retranscrite dans des actes, elle doit se manifester au monde. Il n’est plus possible d’être fidèle à l’image que les autres ont de moi, ni d’assumer mes rôles habituels, je suis devenu trop différent.“ La passion, la souffrance, l’amour, la douleur, le chagrin engendrent une telle cassure que le sujet “ne peut plus se contenter d’être simplement ce qu’il a été jusqu’alors. Il lui faut devenir quelqu’un d’autre pour sauver sa peau.“ Car, d’après Claire Marin, “il y a, dans toute rupture, l’espoir de se trouver et le risque de se perdre.“
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Traverser la nuit

Quelque soit donc la forme de la rupture, la renaissance est salutaire. Mais elle n’est pas un long fleuve tranquille  : “renaître après une expérience douloureuse nécessite d’apprivoiser la solitude et de se confronter à la peur archaïque de l’abandon.“ Ainsi, la nuit est une forme quotidienne de rupture dont beaucoup ont du mal se confronter : “Passer par la nuit, accepter de disparaître, dans l’oubli du jour passé et l’absence à soi, voilà ce dont une conscience vive a besoin pour affronter les lendemains. Mais la conscience sans sommeil étire indéfiniement le passé dont elle refuse qu’il s’efface.“
La rupture est alors bien une affaire avec le passé.