
A la veille de l’ouverture de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre, la remise d’un rapport sur les énergies renouvelables allant à l’encontre des demandes de la filière pose question. Delphine Batho, ministre de l’Ecologie et Arnaud Montebourg, son collègue du Redressement productif, n’ont pas fini de se contredire. Après les gaz de schiste, le nucléaire, les renouvelables... la cotutelle sur l’énergie crée des remous.
(...) Très classique sur le papier : les politiques, novices sur un sujet, demandent conseil à leur administration supposée la plus compétente sur la question.
Sauf que, dans le cas précis, au pays du tout-nucléaire (il compte pour 75% dans notre production électrique), les conseils ont toutes les chances d’être orientés dans un sens plus favorable à EDF qu’aux PME de l’éolien et du photovoltaïque. (...)
C’est en tout cas ce que laisse penser la composition des deux conseils généraux, principalement des ingénieurs du corps des Mines et des Ponts. (...)
Ce mélange des genres fait dire à Bernard Laponche, ex-ingénieur nucléaire reconverti dans la dénonciation des risques de cette technologie, qu’il y a décidément en France un problème d’indépendance des experts :
« Il faut faire très attention à qui on confie les rapports car les nucléaristes verrouillent le système, et ces gens connaissent assez mal le contenu de la transition énergétique.
Si on demande aux nucléaristes leur avis, il faudrait aussi demander aux experts non-institutionnels comme NégaWatt, Global Chance [l’association qu’il a fondée, ndlr], ou au Comité de liaison des énergies renouvelables (Cler)... Sinon, on obtient des rapports orientés comme “Energies 2050”, remis à Eric Besson et qui prônait la prolongation des centrales existantes. » (...)
Le dénigrement du photovoltaïque, amorcé par l’affaire des fameux « panneaux solaires chinois », et celui de l’éolien, solidement mené par la Fédération environnement durable, ne semblent pas près de s’arrêter.