
Paris : le lycée autogéré est attaqué le 16 mars par des militants d’extrême-droite. Lyon : un nouveau local appelé Bastion Social et géré par le Groupe Action Défense (GUD) ouvre en mars, confirmant l’installation de l’extrême droite radicale dans la vieille ville. Même histoire ou presque, à Marseille : des centaines de personnes ont ainsi défilé jusqu’au vieux port dénonçant l’ouverture de ces locaux. À Angers en début d’année, la polémique monte autour d’un bar « identitaire », l’Alvarium. Le 10 février le Courrier de l’Ouest titrait : Les identitaires d’extrême droite font leur nid en Anjou
Juste après les attentats de l’Aude, ce sont des panneaux de signalisation « djihadistes » aux portes de la ville rose qui font parler du groupe Génération Identitaire.
À Montpellier enfin, la faculté reste fermée jusqu’au 3 avril après une descente d’individus armés de bâtons cagoulés dans les amphis, venus écraser les étudiants manifestant et occupant les locaux. Beaucoup soupçonnent ces « gros bras » d’être proches de groupuscules d’extrême droite.
Hausse du nombre d’actions
Le constat est frappant : les actions violentes menées par de militants liés à l’extrême droite radicale ne cessent d’augmenter depuis 2010. Le nombre croissant d’événements va de pair avec une radicalisation croissante de cette nébuleuse
Ce militantisme violent se place dans le cadre plus large d’un double processus : d’une part une recomposition des groupuscules en présence ; de l’autre, l’augmentation d’activistes sans appartenance précise, suites aux différentes dissolutions prononcées. (...)
Renouveau culturel
Au-delà de cet activisme violent, on assiste également à un renouvellement des pratiques culturelles. La culture « boneheads » a disparu au profit d’une contre-culture plus élaborée.
Philippe Vardon, ancien responsable identitaire, devenu aujourd’hui membre du Front national, en a théorisé les grandes lignes dans son livre Éléments pour une contre-culture identitaire (paru à Nice en 2011). Le constat de l’échec de l’activisme violent a poussé les identitaires Fabrice Robert et Philippe Vardon à évoluer vers un activisme qui relève des happenings inspirés de l’activisme de Greenpeace, comme la « Marche des cochons » à Lyon en 2011 ou l’occupation de la mosquée de Poitiers en 2012. (...)
Outre cette forme de militantisme, les activistes d’extrême droite s’inspirent également des pratiques italiennes, en particulier de l’expérience du squat culturel et social connu sous le nom de la CasaPound (la « maison Pound »), fondé à Rome en 2003 par des militants nationalistes-révolutionnaires.
Plusieurs groupuscules français tentent d’imiter ce centre et cherchent à ouvrir des centres similaires dans notre pays. C’est ainsi que le Bastion social a vu le jour, mais aussi, par le passé d’autres tentatives comme la Maison flamande à Lambersart, près de Lille, entre 2008 et 2012, la maison de l’identité à Toulouse en 2012, La Citadelle ouverte à Lille en 2016. Dans ce dernier cas, l’activisme est à la fois d’ordre culturel, avec l’ouverture de lieux, et violent avec l’essor d’actions violentes. (...)
Philippe Vardon, ancien responsable identitaire, devenu aujourd’hui membre du Front national, en a théorisé les grandes lignes dans son livre Éléments pour une contre-culture identitaire (paru à Nice en 2011). Le constat de l’échec de l’activisme violent a poussé les identitaires Fabrice Robert et Philippe Vardon à évoluer vers un activisme qui relève des happenings inspirés de l’activisme de Greenpeace, comme la « Marche des cochons » à Lyon en 2011 ou l’occupation de la mosquée de Poitiers en 2012.
70 militants occupent une mosquée à Poitiers sous la bannière. AFP
L’usage de la violence politique a été rejeté pour plusieurs motifs : la stérilité de cette voie, le manque d’effectifs, le contexte d’une société apaisée, etc. Il s’agissait aussi de donner une légitimité au combat identitaire présenté auprès de l’opinion publique, des médias et des chercheurs en science politique comme celui de la sauvegarde d’une civilisation en péril…
Leur faiblesse numérique a poussé les militants radicaux à investir Internet. Ainsi, le groupuscule d’Alain Soral Égalité & Réconciliation ne milite quasiment qu’à travers ce moyen. La page Facebook du mouvement et celle de son fondateur étaient très consultées, cumulant 280 000 abonnés, jusqu’à leur fermeture en 2017.
Inspiration italienne
Outre cette forme de militantisme, les activistes d’extrême droite s’inspirent également des pratiques italiennes, en particulier de l’expérience du squat culturel et social connu sous le nom de la CasaPound (la « maison Pound »), fondé à Rome en 2003 par des militants nationalistes-révolutionnaires.
Plusieurs groupuscules français tentent d’imiter ce centre et cherchent à ouvrir des centres similaires dans notre pays. C’est ainsi que le Bastion social a vu le jour, mais aussi, par le passé d’autres tentatives comme la Maison flamande à Lambersart, près de Lille, entre 2008 et 2012, la maison de l’identité à Toulouse en 2012, La Citadelle ouverte à Lille en 2016. Dans ce dernier cas, l’activisme est à la fois d’ordre culturel, avec l’ouverture de lieux, et violent avec l’essor d’actions violentes. (...)
Militants peu nombreux mais déterminés
Si l’activisme des militants radicaux de l’extrême droite fait peur, il ne faut pas oublier que leur nombre reste restreint. On est face à quelques centaines de personnes très actives en France, guère plus. Du fait de cette faiblesse numérique, les moyens financiers sont également limités, le financement venant des cotisations des membres des groupuscules ou, très rarement, de mécènes.
Cependant, il ne faut pas oublier que ces militants sont motivés et, pour certains, prêts à passer à l’action. (...)
Le danger ne vient plus de tentatives fantasmées de coups d’État – les militants ne sont pas assez nombreux et n’en ont pas les capacités physiques et structurelles de le faire–, mais d’éléments seuls et déterminés (...)
un individu discret étant par principe difficile à suivre, au contraire des groupuscules, plus faciles à surveiller par l’État.