
Réunis en Corée du sud, les délégués des Etats de l’ONU se penchent à partir de lundi sur le dernier rapport des scientifiques du Giec, constat implacable de la montée des dérèglements climatiques et du retard pris pour les contrer.
Soumis à leur approbation, le texte, basé sur 6.000 études scientifiques, met en garde contre des impacts forts à 1,5°C de réchauffement, et liste les options, désormais limitées, pour agir si le monde veut rester sous ce seuil (dont 1°C est déjà acquis du fait des gaz à effet de serre déjà émis).
C’est à la COP21 à Paris fin 2015 que l’ONU avait chargé son Groupe des experts du climat (Giec) de produire un rapport sur l’objectif 1,5°C. Les Etats venaient de s’engager à réduire leurs émissions pour rester "bien-en deça de 2°C" par rapport à l’ère pré-industrielle.(...)
L’ajout de l’engagement à "poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°C", arraché en dernière minute, était d’abord une revendication des Etats les plus vulnérables, comme les petites îles.
Mais la recherche en a depuis précisé les implications et revu le curseur des risques, dans un monde déjà secoué par une recrudescence de vagues de chaleur et autres feux de forêts.(...)
Le rapport de 400 pages décrit aujourd’hui une nette différence d’impacts entre 1,5 et 2°C, et ce partout, qu’il s’agisse d’ampleur des canicules, d’extinctions d’espèces ou de productivité agricole.(...)
Pour autant, est-il encore faisable de rester à +1,5°C ? Et ce alors que 2017 a vu les émissions mondiales issues de l’énergie repartir à la hausse...
"On ne donne pas de réponse simple", prévient la climatologue Valérie Masson-Delmotte, qui co-présidera cette session coréenne du Giec. Mais "on est maintenant à la croisée des chemins. Regarder 1,5°C, c’est regarder ce qui va nous arriver, dans notre vie, pas à la génération suivante".(...)
Stabiliser à 1,5°C exige une neutralité en émissions de CO2 au milieu du siècle, note aussi le projet de texte : ne plus émettre dans l’atmosphère plus que ce que nous sommes capables d’en retirer.
Alors comment risquent de réagir, à la réunion d’Incheon, les Etats appelés à approuver par consensus le "résumé à destination des décideurs", rédigé par les experts et qui leur sera présenté ligne par ligne ?
L’ONU n’a pas fixé la date de sortie de ce rapport de manière anodine : dans deux mois, aux négociations climat de la COP24, prévue en Pologne, les pays doivent entamer un processus de révision de leurs engagements de 2015, insuffisants car promesse d’un monde à +3°C.(...)
Il y a l’inconnue américaine. "Les Etats-Unis pourraient soutenir la science, comme ils l’ont fait dans le passé, ou se mettre à faire de l’obstruction,", dit un auteur sous couvert d’anonymat.
Selon le département d’Etat, Trigg Talley, vétéran de la diplomatie climat, a été chargé de conduire la délégation, un point "rassurant" pour les auteurs.
Quid de l’Inde, qui a envoyé beaucoup de commentaires ? Et de l’Arabie saoudite ?(...)
La réunion doit durer jusqu’à vendredi, mais le rapport doit être rendu public officiellement lundi 8.