
Depuis un an, le mouvement climatique a pris une ampleur jamais vue auparavant. Et les huit jours à venir vont marquer une nouvelle étape. Avec l’énergie de l’action vient aussi la conscience politique : la crise climatique a ses responsables, et ne se résoudra pas sans conflit.
Un tournant a été pris depuis un an et septembre 2018 en matière de mobilisation contre le réchauffement climatique, au moins en France et dans une large partie de l’Europe. Pour la première fois à cette échelle, à partir de septembre 2018, des marches pour le climat ont réuni des dizaines de milliers de personnes, des jeunes lycéens et collégiens ont commencé des « grèves pour le climat » dans la foulée de la jeune suédoise Greta Thunberg, alors que le Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) publiait un nouveau rapport des plus alarmants. Deux millions de personnes signaient en France « l’affaire du siècle », lançant un recours contre l’État pour « inaction climatique », tandis que les actes de désobéissance civile se multipliaient, telle la série des décrochages de portraits de M. Macron.
Au même moment, le mouvement des Gilets jaunes, né d’une interrogation sur une mesure relative à l’écologie, ébranlait la scène politique française, amorçant une convergence avec le mouvement écologique classique. En Angleterre, le mouvement Extinction Rebellion surgissait, bloquant le centre de Londres plusieurs jours, et proclamant une radicalisation des actions pour le climat qui se propage dans de nombreux pays, dont la France.
Une effervescence est née qui, gageons-le, ne s’arrêtera pas. (...)
Les jours qui viennent vont donner un nouveau coup d’accélérateur à cette mobilisation : vendredi 20 septembre, des grèves pour le climat auront lieu internationalement, avec le soutien de nombreux syndicats de travailleurs ; samedi, une grande marche pour le climat aura lieu en France, en même temps que les Gilets jaunes reviendront dans la rue ; lundi 23, l’Assemblée générale des Nations unies sera consacrée au climat ; mercredi 25, le Giec adoptera un nouveau rapport sur les océans, les banquises et les glaciers. La séquence est si intense que Reporterre a décidé de l’accompagner par une série d’articles de fond, dès aujourd’hui, sous le sigle « Huit jours pour le climat ». Mais ce ne sera qu’un début : de nouvelles mobilisations sont prévues au niveau international, avec Extinction Rebellion, à partir du 5 octobre. Ce même jour, Reporterre publiera une carte des luttes écologiques en France. (...)
il faut aller au-delà de la « prise de conscience ». La question climatique engage l’avenir, elle est fondamentalement une question politique, et même LA question politique des décennies à venir, tant elle se lace avec tous les nœuds qui tordent la société, des inégalités aux migrations, des rapports de domination entre hommes et femmes aux atteintes aux libertés.
L’écologie est en train de sortir de l’unanimisme pour reconnaitre que son propos implique une conflictualité (...)
Le mouvement climatique dans sa nouvelle jeunesse et enthousiasme, doit reconnaître que la question dans laquelle il s’engage est une querelle, un combat, qui engage un rapport de forces et que oui, il y a des coupables, des responsables de la crise écologique désastreuse dans laquelle nous sommes engagés. En résumé, il faut passer de la prise de conscience à la conscience politique.
Pour inventer d’autres stratégies, d’autres rapports de pouvoir, d’autres relations entre les êtres et les collectifs, d’autres habitudes culturelles... tout est ouvert et à inventer. C’est la bonne nouvelle du moment : la génération climatique doit être politique, mais elle peut ré-inventer la politique. En assumant le conflit, qui est le coeur de la politque. Allons !