
Clémentine Autain publie un livre sur la grande distribution, miroir des tourments du monde contemporain. La députée LFI juge le gouvernement responsable de la crise qui frappe les petits commerces.
Un modèle de consommation qui empoisonne notre économie, nos relations sociales, notre santé, et même nos imaginaires. C’est à la grande distribution que s’attaque la députée LFI (La France insoumise) Clémentine Autain dans son dernier ouvrage À gauche en sortant de l’hypermarché (Grasset).
« Lieu politique » par excellence, puisqu’il « donne à voir les impasses et les malaises contemporains, du fétichisme de la marchandise au gaspillage mortifère, de l’exploitation humaine au développement inégalitaire des territoires », l’hypermarché et le monde qu’il propose (ou plutôt impose) condensent, à huis clos, la condition de l’homme du XXIe siècle : surconsommation, maxi-profits et mini-salaires, hyperpollution, subversion des désirs… « Au fond, l’hypermarché matérialise la folie capitaliste et productiviste », écrit Clémentine Autain, qui déplore que ce sujet, au croisement des problématiques écologiques et sociales, soit encore loin des préoccupations actuelles de la gauche.
Rare sortie autorisée au printemps dernier (il fallait bien se nourrir), révélatrice d’un système économique devenu kafkaïen à l’automne (le gouvernement interdisant aux grandes surfaces de vendre livres, maquillage ou vêtements), la grande distribution est devenue, d’un confinement à l’autre, prépondérante dans nos vies réduites, Covid oblige, au travail et aux occupations domestiques. L’occasion ou jamais, estime l’élue de Seine-Saint-Denis, de s’interroger sur la dépendance de notre société à ces temples de la (sur)consommation. (...)
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À gauche en sortant de l’hypermarché (Grasset)
« J’ai déposé mes courses sur le tapis roulant, la jeune femme a encaissé. J’avais envie de lui dire : moi, je n’encaisse pas. Parce que je ne suis pas à sa place, et surtout parce que je ne supporte pas les normes de cette société qui font d’elle et de ses collègues des sans voix, peu reconnus, peu protégés.
Les caissières illustrent ce qui ne tourne pas rond dans une société où l’on ne cesse de nous asséner : ne pense pas, dépense. La caisse enregistre cet argent roi qui nous fait perdre le sens de la vie, et la déshumanisation en marche s’incarne à travers ces « petites mains » que nous confondons avec leur outil de travail. Leur quotidien rapporté à leur salaire illustre une effrayante hiérarchie des valeurs. Et sur le tapis roulant, elles voient passer toute la démesure consumériste d’un monde qui court à sa perte. L’écosystème, pas plus que nos désirs, ne peut supporter une telle gabegie, tandis que de plus en plus de personnes, de familles ne parviennent pas à boucler leurs fins de mois. »
Haut lieu du consumérisme débridé et de la frustration, l’hypermarché matérialise la folie capitaliste. C’est l’espace de toutes les promotions, sauf pour les caissières. (...)