
Les Accords d’Evian, signés le 18 mars 1962 et devenus effectifs le 19, scellaient l’indépendance de l’Algérie après 8 ans d’un guerre meurtrière et 132 ans de violence coloniale.
Le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) y fit reconnaître les revendications de la lutte déclenchée aux premières heures de la « Toussaint » de 1954 pour l’indépendance nationale.
Peu après les milliers de morts faits par la répression coloniale à Sétif et Guelma en 1945, le déclenchement de la lutte pour l’indépendance du peuple algérien suit de près les premières décolonisations et amplifie le mouvement. En 1954, les Britanniques quittent l’Asie et les Hollandais, l’Indonésie. La France quitte l’Indochine après Dien-Bien-Phu et les accords de Genève du 21 juillet 1954. La conférence de Bandoeng, en Indonésie, du 17 au 24 avril 1955, réunit vingt-neuf délégués de pays d’Afrique et d’Asie, dont le FLN algérien, pour affirmer leur volonté d’indépendance : c’est le point de départ du Mouvement des non-alignés qui rejette les deux « super-puissances » que sont alors les Etats-Unis et l’Union Soviétique. C’est aussi le moment d’accélération des indépendances qui brisent les « empires ». En 1956, la France reconnaît l’indépendance de la Tunisie et du Maroc.
Parce que l’Algérie avait été une colonie de peuplement, le coût humain de sa décolonisation fut d’autant plus exorbitant. Un quart de la population rurale fut déplacé dans des “camps de regroupement” qui n’étaient autres que des camps d’internement, dans lesquels 20 000 personnes, d’après les estimations les plus basses, moururent de faim, d’épidémies, ou furent victimes d’ exécutions sommaires. La population algérienne continue aujourd’hui de subir les conséquences des essais nucléaires dans la région de Reggane, où des soldats français furent utilisés comme cobayes humains.
Le travail des historiens, de part et d’autre de la Méditerranée, restera très longtemps d’importance primordiale pour que soit compris et dit le lourd tribut humain d’une guerre de huit ans , que la France a longtemps appelé « évènements d’Algérie », et qui vit aussi le putsch OAS d’avril 1961 et ses actions terroristes contre l’indépendance algérienne au Sud et au Nord de la Méditerranée.
De ces tragiques années subsistent encore en France des mémoires blessées, celles des algériens immigrés, des appelés, des « pied-noir » et des « harkis ». Comme l’a souligné l’historien algérien Mohamed Harbi, « aujourd’hui, la controverse porte, entre autres sujets, sur la compréhension du fait colonial », transformé en « enjeu politique et législatif par des associations de rapatriés et de défense de l’OAS ». Ainsi en a-t-il été, en particulier, de la loi du 23 Février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés », longtemps réclamée non seulement par les associations de rapatriés mais aussi, tout particulièrement, par l’ensemble des associations de Harkis qui avaient payé un lourd tribut à cette sanglante guerre. A la suite d’une vaste controverse, portant sur l’alinéa 2 de l’article 4 de la loi - affirmant « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » - ce dernier fut abrogé, parce que reconnu de nature « réglementaire » par le Conseil constitutionnel.
Une nouvelle loi « relative aux formations supplétives des forces armées » votée discrètement le 7 mars 2012, dispose que « les formations supplétives sont considérées comme faisant partie des forces armées. » Une façon de répondre aux attentes enfants de harkis qui sont désormais protégés en cas « de diffamation ou d’injure ».
Le MRAP condamne les hommages publics rendus dans certaines villes de France aux membres de l’OAS. Il réclame de longue date la reconnaissance comme « crime d’Etat » du 17 octobre 1961 et des journées meurtrières qui l’ont suivi, où des manifestants algériens furent jetés à la Seine par la police du préfet Maurice Papon.
Les séquelles des guerres coloniales sont l’une des causes du racisme actuel. Il serait temps, 50 ans après la signature des accords d’Evian, que la France reconnaisse les crimes dont l’Etat s’est rendu coupable avant et pendant la guerre d’Algérie