Cinq mois après son entrée en vigueur, la loi Collomb est-elle au rendez-vous de ses promesses ? Le texte « asile et immigration » avait secoué les rangs de l’Assemblée nationale lors de son examen en 2018. Incarnant aux yeux de ses détracteurs la ligne dure du gouvernement sur la question migratoire, personnifiée à l’époque par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, il entendait notamment améliorer les reconduites à la frontière.
Aujourd’hui, Place Beauvau, on regarde sa mécanique se dérouler avec modestie et « prudence ». Le doublement de la durée maximale de la rétention administrative – passée de quarante-cinq jours à quatre-vingt-dix jours au 2 janvier – avait cristallisé une partie de l’opposition au texte, y compris dans les rangs de la majorité. (...)
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« Beaucoup de bruit pour rien »
Qu’en est-il ? « A ce stade, c’est beaucoup de bruit pour rien, résume un haut fonctionnaire. Je ne pense pas que cette loi soit de nature à changer véritablement la donne. »
Au ministère de l’intérieur, on assure que la délivrance des laissez-passer consulaires dans les délais a progressé, passant de 54 % en 2018 à 57 % début 2019. L’administration n’est toutefois pas en mesure de dire si cela est dû à la loi ou, plutôt, aux efforts diplomatiques déployés par la France auprès des pays d’origine pour obtenir ces documents nécessaires au transport des personnes expulsées.
Présente au sein de plusieurs centres de rétention administrative (CRA), la Cimade constate que peu d’étrangers sont enfermés au-delà de quarante-cinq jours. Sur les quatre premiers mois de l’année, cela a représenté 4,8 % des personnes dans les sept CRA où l’association intervient (sur vingt-deux CRA au total). Un peu plus d’un tiers d’entre elles ont finalement été expulsées. Les autres ont été libérées.
Le ministère de l’intérieur indique que, au total, depuis cinq mois, 2 % des retenus sont restés après soixante jours de rétention. « On a très peu de retenues longues », confirme le commissaire de police Pierre Bordereau, directeur interdépartemental de la police aux frontières en Seine-et-Marne et à la tête du plus important CRA de France, au Mesnil-Amelot.