
L’effondrement du système occidental néolibéral a commencé en janvier 2008. Depuis, rien, absolument rien en six ans n’a pu arrêter sa chute. Aujourd’hui, ses grands-prêtres sont contraints d’admettre que le retour sur terre, dès septembre prochain, sera « difficile », avec « risque de déflation » à la clé (Manuel Valls, 1er août 2014).
Que des gouvernants qui, depuis six ans, nous répètent en boucle que « la crise est derrière nous », qu’ils vont promptement enrayer telle courbe fatale (celle du chômage, par exemple), en viennent eux-mêmes à annoncer maintenant des horizons très sombres à court terme, en dit aussi long sur l’état calamiteux du malade que sur leur impuissance à le guérir.
La dure réalité des chiffres
Et les chiffres, ces fameux chiffres dont on nous inonde pour tenter d’apaiser nos craintes ou susciter notre adhésion, ne parviennent plus à masquer l’étendue des dégâts et la gravité du désastre. (...)
Les emplâtres pour tenter de ralentir l’hécatombe systémique à grands coups de planches à billets des banques centrales ou de politiques d’austérité imbéciles ont fait long feu. Leur seul piètre résultat est d’avoir prolongé artificiellement l’agonie du système moribond. Le flot des nouveaux chômeurs et des précaires continue, lui, de s’écouler à gros bouillon, tant en Europe qu’aux Etats-Unis malgré, là encore, de grossiers subterfuges statistiques (exemple : les radiations massives des listes de demandeurs d’emploi).
Des portes de sortie très incertaines
Il est grand temps aujourd’hui de prendre conscience d’une débâcle qui est à la fois financière, économique, mais aussi politique, géopolitique, sociale, morale… Il est indispensable d’envisager dès à présent toutes les portes de sorties, toutes les planches de salut vers le monde d’après.
Celles-ci ne sont pas vraiment réjouissantes. D’autant que ce changement de civilisation ne se fera pas par rafistolage du modèle précédent, mais par la mise hors d’état de nuire de ses éléments prédateurs (la finance privée, par exemple).
Il est illusoire d’attendre un changement de cap des autorités politiques corrompues en place. Dans nos démocraties privatisées par les lobbies, où la politique tient du plan de carrière, les élus sont clairement missionnés pour défendre les intérêts de leurs sponsors plutôt que l’intérêt général. Le cas Hollande, cet « ennemi de la finance » qui en est le plus fervent défenseur, est symptomatique à cet égard. (...)
De la nécessité d’un engagement politique
Dans un contexte aussi pourri, il est fort probable que l’avènement du monde d’après n’interviendra qu’après l’effondrement total du système failli :
soit, tout seul comme un grand, sous le poids de ses propres excès, “à la soviétique” ;
soit avec un petit coup de pouce des BRICS[3], ou précipité par des calamités climatiques, des crises énergétiques aiguës, des soulèvements sociaux ;
soit en passant par les affres d’une guerre déclenchée par des maîtres du monde devenus fous furieux.
« Les civilisations ne meurent pas assassinées, elles se suicident » (Arnold J. Toynbee, philosophe, cité par Paul Jorion).
Il peut sembler paradoxal, après ce constat à charge contre l’impuissance démocratique, d’appeler à un engagement politique résolu de la part des citoyens responsables. Celui-ci est pourtant primordial, vital si l’on veut être prêts à influer sur ce que sera le monde d’après.
Car si aucune solution n’est à attendre de majorités égarées, le monde d’après, comme à peu près chaque fois dans l’Histoire, sera très vraisemblablement construit sur les ruines de l’empire déchu par des minorités agissantes et pensantes. En être est un devoir.