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l’Insatiable
Chronique d’une loi ordinaire (Cap ou pas cap ?)
Article mis en ligne le 1er avril 2016
dernière modification le 31 mars 2016

La loi Création, Architecture, Patrimoine (CAP) est actuellement en discussion au Parlement. Elle étonne sur bien des points, par exemple l’article 1 « La création artistique est libre ». C’est beau comme un slogan publicitaire. Il est applaudi par tous les artistes qui saluent sa puissance symbolique dans ce beau pays de France ! Le créateur, enfin libre : le rêve ! Évidemment, personne n’y croit vraiment. Aucun artiste n’imagine pouvoir faire ce qu’il veut, comme il veut, quand il veut, où il veut ! La suite des débats le démontre abondamment… Prenons simplement pour exemple l’article 3.

L’article 3 porte sur les labels : le ministère de la culture entend apporter une aide conséquente à 400 structures artistiques au sein « d’une petite douzaine de labels ».
Qui s’en plaindrait ?

Pourtant, cette reconnaissance nous ramène au bon temps de la féodalité : un grand seigneur qui choisit d’adouber ses chevaliers et le reste va nu-pieds. La vérité est là : hors du label pour les 400, l’État ne prévoit rien et refuse même ouvertement que la loi envisage des conventions avec d’autres que les labellisés.
(...)

Le ministère de la culture considère donc comme négligeable le reste des projets artistiques qui sont, pourtant, reconnus par l’article 2 lequel a allongé encore la liste des projets pertinents pour l’intérêt général. (...)

De tout ce tas informe et plébéien, le ministère ne veut reconnaître et protéger que ses chevaliers labellisés ! Avant il le faisait avec discrétion ; avec l’article 3, il veut que la loi républicaine lui accorde ce privilège ! Par conséquent, il ne restera plus pour les autres que des miettes aléatoires et déconcentrées ! (...)

On a tous compris : la nature même de la politique culturelle nationale, ce sont les labellisés « stabilisés » contre les autres qui ne le seront pas, les gros protégés contre les petits faiblards ! Ce texte de la République crée deux catégories d’acteurs culturels : les uns avec des garanties solides données par la loi via le label et les autres… rien ! Même pas l’idée de conventionnement ! Cet argument de la déstabilisation des plus gros quand tous les autres - hors des 400 - pataugent dans les difficultés économiques est incroyable. Une forme d’indignité que j’ai toujours mal vécue quand j’étais DRAC. C’est grave de la voir maintenant organisée par une loi de la République. (...)

J’espère que les labellisés, même au SYNDEAC, ne seront pas complices de cet état de droit qui laisse tomber le tiers-état des cultureux et ne protège que la chefferie labellisée. Curieuse république !

Il faut rétablir, dans l’article 3, le principe du conventionnement, c’est à dire le principe de garantir plus de sécurité pour beaucoup de projets en matière artistique et culturelle et non développer la « flexibilité » pour le plus grand nombre et promouvoir la stabilité pour les seuls privilégiés du Prince.