
Tous les collégiens et lycéens ne forment pas un groupe homogène de « digitale natives » scotchés à leur fil Instagram... Certains refusent d’être trop connectés, à un smartphone ou aux réseaux sociaux.
81% des 13-19 ans possèdent leur propre smartphone, selon l’édition 2017 de l’étude Ipsos « Junior Connect’ ». Selon cette même enquête, les jeunes de cette tranche d’âge passent en moyenne 15h11 par semaine sur internet… notamment sur les réseaux sociaux : une étude réalisée par l’association Génération numérique en janvier 2017 montre que chez les 11-14 ans, 68,12% des filles et 59,82% des garçons sont inscrits à un ou plusieurs réseaux sociaux. Chez les 15-18 ans, ce chiffre monte à 92,62% pour les filles et 90,03% pour les garçons. (...)
Parmi eux, se trouvent des « déconnectés » qui n’ont pas choisi de l’être. « Cela peut être une démarche éducative. Les parents ne veulent pas que leur enfant ait un téléphone ou un réseau social, et expliquent bien leurs raisons. Certaines familles n’ont pas les moyens financiers pour un smartphone : là, il n’y a pas le choix, c’est une obligation subie qui renforce les inégalités », explique Vanessa Lalo, psychologue spécialiste des usages numériques.
Plus étonnant, il y a ceux qui refusent tout à fait délibérément une ou plusieurs formes de connexion. Une proportion qui reste assez marginale (...)
Et comme mine de rien, l’exemple parental compte, ce sont souvent des ados qui « bénéficient d’une structure familiale peu connectée. Le numérique c’est un peu comme une coupelle remplie de bonbons, c’est dur de résister s’il n’y a pas de limite (si les parents ne dosent pas la quantité de bonbons disponibles) et si on s’en remet juste à la volonté des ados ». (...)
résistant à l’appel des réseaux sociaux, Paul, 17 ans, qui vit en région parisienne. Lui est un repenti. Après quelques années de pratique de Facebook, il a arrêté et fermé son profil en juillet dernier :
« Je trouvais que ça me prenait beaucoup trop de temps. Les conversations de groupe, c’est une perte de temps, on loupe des occasions de se parler de vive voix ».
Le jeune homme a aussi voulu échapper à l’agressivité verbale des réseaux sociaux : « J’avais beaucoup de débats politiques sur Facebook. Dans les commentaires, ça prend très vite une ampleur qu’on ne maîtrise pas. Il y a une certaine violence des gens planqués derrière leur écran, qu’ils n’ont pas en face à face. On oublie ce que c’est d’avoir une discussion calme autour d’un café »
Un fausse image publique
La superficialité de certains usages des réseaux sociaux peut énerver… (...)
Comme chez les adultes en quête d’une « digital detox », les ados ont parfois besoin de se déconnecter. Cela peut même devenir une mode… (...)
Vivre discrètement et communiquer dans la « vraie » vie ne sont pas les seules motivations. « Ces jeunes font la promotion du réel. Mais il n’y a pas de profil spécifique. Certains ados ont une revendication de déconnexion pour éviter la géolocalisation, pour ne pas laisser toutes leurs données à des grands groupes… C’est une sorte de volonté alternative de ne pas subir ce système. Il y a aussi des ados pour lesquels c’est un moyen d’échapper au contrôle parental », explique la psychologue Vanessa Lalo. Enfin « d’autres se sont déconnectés car ils ont subi de mauvaises expériences sur les réseaux sociaux, du harcèlement par exemple. Ou alors, parce que regarder la vie des gens les rend tristes. Et les critiques sont très rapides sur les réseaux sociaux ».
Un choix difficile ?
Est-ce pesant ? Pas vraiment pour les jeunes interrogés pour cet article. (...)
Pourquoi donc ces ados volontairement moins connectés sont-ils si rares ? Et donc pourquoi est-ce que la majorité des ados est très connectée, notamment aux réseaux sociaux ? Sans doute d’abord parce que tous ces outils sont quand même sympathiques et plutôt pratiques. « C’est bien sûr une manière d’avoir tous ces contacts à portée de main, d’envoyer des nouvelles, de partager infos, tout en servant d’agrégateurs de contenus. Les ados suivent beaucoup les actualités de groupes de fans », explique la psychologue Vanessa Lalo.
Sans oublier l’effet de groupe. On voit tous les autres avec un smartphone, présents sur les réseaux sociaux... Autant d’outils de communication, de cohésion, voire de socialisation. (...)
Et puis, dans un sens comme dans l’autre, on a vite fait de devenir hyperconnecté, ou de ralentir voire d’arrêter les réseaux sociaux : « Rien n’est irréversible. La jeunesse va très vite ! ».