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Les Echos
Ce qu’on ne dit pas sur le miracle gazier américain
Article mis en ligne le 5 mars 2013

Si l’exploitation du gaz de schiste est en passe de faire redémarrer l’économie américaine, c’est en grande partie grâce à l’Etat fédéral qui, via de multiples exonérations fiscales sur les forages, subventionne massivement les opérateurs.

A quel prix le gaz naturel doit-il se vendre aux Etats-Unis pour que la facturation hydraulique laisse un peu d’argent aux producteurs de gaz de schiste ?

Merrill Lynch avance le chiffre de 4 à 6 $ par million de British Thermal Units (MMBTU), Ben Dell chez Bernstein Research ou John Dizard du « Financial Times » parlent plutôt de 6 à 8 $ par MMBTU. Or sur le marché à terme, le gaz naturel se vendait le 2 novembre 2012 à 3,54 $/MMBTU. Les producteurs de gaz de schiste perdent donc de l’argent. Rex Tillerson, le PDG d’Exxon, le confessait le 27 juin 2012 : « Nous sommes tous en train d’y laisser notre chemise. »


Et pourtant… Banques d’investissement, courtiers, grands cabinets comptables et sociétés de conseil continuent à promouvoir l’idée d’une révolution du gaz de schiste. Pourquoi ?

C’est qu’ils ont un atout maître, dont on parle curieusement assez peu : les subventions.

 Exxon peut subir des pertes sur le gaz de schiste grâce aux subventions massives qu’il reçoit pour le pétrole. Celui qu’il obtient grâce aux forages en eau profonde dans le golfe du Mexique est exonéré de redevances fédérales sur les 87,5 premiers millions de barils de chaque puits. La loi qui l’autorise, le Deep Water Royalty Relief Act de 1995, ne fixe aucune limite au nombre de puits qu’une entreprise peut forer sur la section pour laquelle elle a acheté les droits, et chaque nouveau puits démarre le compteur à zéro. Si elle continue d’exploiter le puits au-delà de 87,5 millions de barils, la redevance passe à environ 17 %, ce qui reste un cadeau comparé aux 53 % imposés pour un forage en eau profonde au large du Royaume-Uni, ou 76 % au large de la Norvège. (...)

 Une autre société américaine subit des pertes massives dans le gaz de schiste : Chesapeake Energy. Les entreprises de forage comme Chesapeake, qui ne sont pas des compagnies pétrolières intégrées comme Exxon, reçoivent une subvention fiscale pour les forages. Grâce à une loi de 1916, elles peuvent amortir la quasi-totalité des coûts de forage d’un puits dans l’année du forage, plutôt que d’étaler l’amortissement sur la durée de vie utile du puits.

Si elles en forent assez, elles peuvent compenser les revenus qu’elles tirent de puits plus anciens, ou de toute autre source de revenus, ce qui réduit leurs impôts, parfois jusqu’à zéro. Il y a donc une réelle incitation à forer des puits. Une activité comme la fracturation hydraulique est parfaite pour ce cas de figure, car de nombreux puits ne sont pas productifs. (...)