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Là-Bas si j’y suis
Ce n’était pas une réunification, c’était une colonisation
Daniel Mermet
Article mis en ligne le 8 octobre 2019
dernière modification le 7 octobre 2019

Les trente ans de la chute du mur vont fournir à nouveau l’occasion de célébrer la victoire contre l’affreux monstre communiste. Les médias objectifs vont ressortir les mêmes archives, les mêmes Gorbatchev, les mêmes Trabant, la même Stasi, le même BHL, la même « fin de l’histoire ».

Sauf que le disque est de plus en plus rayé, et qu’on l’entend mal avec la jeunesse qui, partout dans le monde, manifeste aujourd’hui contre le capitalisme. « Ah-ah, anti, anticapitalisme ! » Pourtant, le capitalisme avait gagné, circulez, c’est la fin de l’histoire, souvenez-vous. Et il y a eu cette fraternelle réunification entre l’Ouest et l’Est, non ? Euh, non, pas vraiment. En fait, c’est une restructuration sauvage qui a été imposée au profit du capitalisme ouest-allemand. En trois ans, trois millions d’emplois ont été détruits, des milliers d’entreprises publiques ont été vendues. Par centaines de milliers, les habitants traumatisés ont dû migrer vers l’Ouest, laissant un pays dépeuplé. Pour la plupart, leur pays a été dilapidé, spolié, saccagé, au prétexte d’une intégration à l’idéologie néolibérale dominante. Il fallait écraser la vitalité des mouvements dissidents qui voulaient une autre voie, ni stalinienne, ni capitaliste. Pas d’alternative. C’était la dictature de TINA. (...)

Personne, bien sûr, ne souhaite revivre sous le contrôle de la Stasi, sans pouvoir jouir des droits et des libertés élémentaires, mais on comprend que beaucoup d’habitants de l’ex-RDA regrettent la gratuité de l’éducation et de la santé, le droit au logement et au travail et tout ce qu’un État non capitaliste peut rendre possible.

Trente ans plus tard, on réalise qu’on s’est débarrassé trop vite d’un système qui avait des choses à nous apprendre.

Depuis des années, l’historien Nicolas OFFENSTADT parcourt ce PAYS DISPARU en interrogeant les traces, les ruines, les objets, les papiers trouvés dans les friches délaissées, qui deviennent autant de truchements pour faire vivre la mémoire et l’histoire.