
La Commune fête ses 150 ans. En l’absence de commémoration officielle, la traditionnelle montée au mur des Fédérés revêt cette année une importance particulière pour honorer la mémoire de ses morts.
Ce 29 mai, pour les 150 ans de la Commune, nous monterons au mur des Fédérés. L’appel est signé de 89 organisations. Les associations préparent banderoles et pancartes, les chorales répètent les chants. La journée s’annonce festive et engagée !
Pas de commémoration officielle des 150 ans de la Commune, alors que le Président n’a pas lésiné sur le bicentenaire de la mort de Napoléon. La volonté de faire de cet anniversaire un temps fort est partie d’en bas, d’initiatives diverses, certaines impulsées par la plus ancienne association de la mémoire de 1871, créée en 1882, les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871, d’autres par une association qui s’est donné comme nom ce qui est aussi son but : Faisons vivre la Commune !
À Paris, le lycée Voltaire affiche sur sa façade des portraits de communardes ; à Marseille, des jeux sur la Commune (mots cachés, tests de connaissances) couvrent les murs du Panier. Dans le petit village de Sauve, dans le Gard, une grande affiche représentant Louise Michel proclame : « La Commune, 150 ans, toujours vivante ». La commémoration est comme l’événement : spontanée, collective, foisonnante, inventive, populaire ! Nul doute que la montée au Mur en sera un moment fort. (...)
Mais que sont ce mur et cette montée ? Le 27 mai 1871, la Commune se meurt sous les balles des Versaillais entre les tombes du Père-Lachaise. Les 144 survivants sont alignés contre le mur de clôture au sud-est de la nécropole et passés par les armes, les corps ensevelis dans une fosse commune au pied du lieu de leur exécution. Pendant l’Ordre moral, qui suit la répression, certains et certaines viennent discrètement déposer des fleurs au pied du Mur. (...)
En 1880, la République installée a amnistié les communards, mais voudrait oublier l’événement. Nombreux sont ceux qui ne l’entendent pas de cette oreille. La presse militante (Le Cri du peuple, La Bataille, Le Prolétaire) propose une manifestation à Bastille. Refus des autorités. On se rabat sur une montée au Mur, le 28 mai 1880. Le rituel vient de naître. Car le Mur est parfait comme lieu de mémoire, comme métaphore et métonymie de la Commune réprimée, mais aussi comme image de défi. En mai 1886 l’auteur de « L’Internationale », Eugène Pottier, lui offre sa plume :
« Ton histoire, Bourgeoisie,
Est écrite sur ce mur.
Ce n’est pas un texte obscur…
Ta féroce hypocrisie
Est écrite sur ce mur ! »
(...)
- En 1883, l’association des Amies et Amis de la Commune sauve la fosse, menacée d’être transformée en concessions individuelles. Le sol est nivelé, gazonné, on fixe des crochets sur les pierres pour y suspendre des couronnes.
- En 1908, une plaque est enfin apposée : « Aux morts de la Commune, 21-28 mai 1871 ». Pas aux vaincus, pas aux martyrs, pas aux héros mais aux simples morts. Chaque année, au début de XXe siècle, tout le monde monte drapeau rouge au vent, églantine rouge à la boutonnière : les anarchistes, les marxistes, les guesdistes, les broussistes… non sans querelles entre ces familles d’un socialisme divisé et sous la surveillance tatillonne de la police.
- Le congrès de Tours, en 1920, n’arrange rien : communistes et socialistes montent séparément au Mur.
- Mais en 1935, dans la dynamique du Front populaire, la montée est unitaire !
- Et en 1936, après la victoire, 600 000 personnes défilent, huit heures durant.
- Cette houle puissante, le vieux cimetière la retrouve le 27 mai 1945, après la Libération (1). Ils et elles étaient près de 50 000 pour les 100 ans.
À nous de jouer !
Des milliers de manifestants arrivent au mur des Fédérés au Père-Lachaise, en hommage aux derniers combattants communards fusillés entre les tombes en 1871.
images : @Mathieu2jean pic.twitter.com/sK0P2MIY12
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) May 29, 2021
Leur cri était "Vive la Sociale
!"... 70 ans avant le CNR, notre sécu. Et si l'article premier de notre Constitution dit aujourd'hui que "La France est une République sociale", c'est aussi grâce à eux... #150ansCommune #vivelacommune #VIVELASIXIEME République. https://t.co/ZUtQ536jUM— Xavier Marchand (@xavier_marchand) May 29, 2021
Arrivée au cimetière du Père Lachaise. #CommunedeParis pic.twitter.com/Aq2CdEQsAT
— Michel Soudais (@msoudais) May 29, 2021
Fin de la montée au mur des Fédérés pour ce 150e anniversaire de la Commune de Paris : les mauvais jours finiront !
images : @Mathieu2jean pic.twitter.com/fNK6PMisuc
— Là-bas si j'y suis (@LabasOfficiel) May 29, 2021