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Carrefour & Resto du Cœur, un coup de pub duplicitaire
Article mis en ligne le 17 mars 2012
dernière modification le 14 mars 2012

Ça fait un bail qu’à l’entrée des grandes & moyennes surfaces le Secours Populaire, les Restos du Cœur ou tel Rotary club distribuent des prospectus pour inviter le client à rajouter deux trois produits de première nécessité à ses courses. Un appel scotché sur la porte vitrée du magasin, deux trois tables prêtées par le gérant ainsi qu’une poignée de cartons pour trier les achats récoltés.

En sortie de caisse, le consommateur est comme saisi à la source (d’un vague scrupule ou d’un élan de générosité). Le truc n’est pas nouveau, les premiers concernés font la manche près des distributeurs de billets, souvent ça agace, dérange, perturbe, mais, à l’usage, paraît que ça gagne mieux. Ici même ficelle, mais à plus grande échelle lucrative.

D’accord, chacun selon ses moyens, on peut préférer donner à une Soupe populaire (pour le côté redistributif) ou à n’importe quel mec dans la dèche qui croise votre chemin (pour éviter les intermédiaires bureaucratiques). Quant à ceux qui ont de quoi filer leur obole mais se refusent à jamais rien débourser – sous prétexte que c’est du ressort de la puissance publique ou que les mendigots sont pas les plus à plaindre –, ils ont beau se cacher derrière leur petit doigt, ça sent le « chacun sa merde » à plein nez.

Pour sûr, les bonnes œuvres de charité du XIXe siècle sont de retour, mais critiquer la dilution de la question sociale au profit de sa régulation caritative (adoucir les effets faute de s’attaquer aux causes) n’empêche pas de contribuer un minimum à cette forme, même insatisfaisante, de partage au quotidien.

Surtout quand ce sont les mêmes qui vantent le bienfaits du Mécénat privé et stigmatisent les « ravages » de l’Assistanat public. Pourtant, on peut s’inquiéter du recours au seul bénévolat pour cautériser les jambes de bois de la misère sans moquer pour autant les « belles âmes » qui filent un coup de main pendant leurs jours de congés ou leurs années de retraite ou leur temps libre de jeunes précaires. (...)

à l’usage du client, un seul mot d’ordre : Dépensez plus pour donner plus ! Et aux caissières et autres manutentionnaires de la boîte, un message subliminal : Arrêtez de faire grève pour réclamer le strict respect du salaire minimum ou la comptabilisation des temps de pause (comme l’année dernière), parce que, franchement, il y a plus pauvres que vous ! (...)

Faites le calcul, à raison d’1 euro par repas, Carrefour et Danone sont arrivés à se payer deux jours durant une campagne de promo numérique, relayés par des milliers d’internautes, pour moins de vingt mille euros. Relooking de façade low-cost et gros effet à un prix franchement imbattable. Sans ce prétexte humanitaire affiché, une telle campagne de « marketing virale » aurait coûté dix ou vingt fois plus. Mais là, grande cause, petit budget. Sans compter que, du côté de l’éthique sociale, l’hypermarché en question a beaucoup à se faire pardonner : temps partiel forcé, pause-pipi décomptée, salaire en dessous du minimum légal, harcèlement moral. Alors la caution des Restos de feu-Coluche, ça fait coup double : le cœur et l’argent du cœur. Et face à un cas si particulier de publicité mensongère, on manque d’adjectif pour qualifier ce nouveau genre de stratégie, alors excusez le néologisme, mais puisque Carrefour le vaut bien : « duplicitaire ».
(...)

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