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“Capital”, dimanche 13 janvier, 21h00, sur M6 : Scandale des invendus : Amazon aurait détruit trois millions de produits en France en 2018
Article mis en ligne le 13 janvier 2019

Détruire plutôt que de stocker ou réparer : c’est la logique de la firme américaine qui, en toute légalité, contraint ses vendeurs à se débarrasser de leurs invendus. Une aberration écologique expliquée dans le magazine “Capital”, dimanche 13 janvier sur M6 et dénoncée par l’ONG Les Amis de la Terre.

Plus de 3 millions de machines à café, d’écrans plats, de livres ou de jouets, neufs pour la plupart, ou avec de légers défauts : telle est la masse d’articles que le géant de la distribution Amazon détruit volontairement en France chaque année. Cette « gigantesque absurdité économique, écologique et sociale » fait l’objet d’un reportage stupéfiant du magazine Capital, diffusé ce dimanche sur M6, et réalisé avec l’aide de l’ONG Les Amis de la Terre. (...)

Entretien avec Alma Dufour, chargée de campagne aux Amis de la Terre, qui lancera dimanche une pétition demandant l’interdiction des pratiques aberrantes de la multinationale. (...)

C’était un secret très bien gardé ! Nous avons appris en juin dernier qu’Amazon détruisait massivement des produits invendus en Allemagne grâce à une enquête menée par Greenpeace Allemagne. Il se trouve que nous étions en train d’enquêter sur les pratiques de la multinationale en France et nous avons découvert exactement la même logique (...)

Comment est-il possible de détruire des produits neufs ?
Parce que ce n’est pas illégal ! Et que c’est la même logique économique que celle de l’obsolescence programmée, qui pousse à renouveler sans arrêt la production et la consommation. Amazon représente la face visible, le supersymbole de ce système fou de surproduction et surconsommation qui, on le voit dans les autres reportages de ce numéro de Capital, concerne aussi la très grande majorité de l’industrie textile ou du e-commerce, et entretient le dérèglement climatique et l’épuisement des ressources. (...)

Il faut savoir qu’Amazon est devenu avant tout un intermédiaire, une giga place de marché : la multinationale ne possède pas les produits vendus sur son site, mais elle organise leur transport (elle a même récemment obtenu l’autorisation d’effectuer directement du transport maritime de containers depuis la Chine), leur stockage et leur livraison jusqu’aux acheteurs, en touchant au passage une commission, de 5 à 8 %, sur les produits vendus sur son site. (...)

Si l’on prend le seul exemple des produits électroniques, on recycle très peu : quelques métaux précieux comme l’or, l’argent, le cuivre, mais pour le reste, notamment des matériaux rares et extrêmement polluants à produire comme le neodyme (un métal du groupe des « terres rares » utilisé dans les éoliennes, les voitures hybrides, les disques durs...), le lithium ou le tantale – extrait en République démocratique du Congo et qui finance la guerre civile depuis une vingtaine d’années –, aucun n’est recyclé. (...)

Que faire concrètement ?
Il ne faut pas se focaliser sur le recyclage : il faut garder, réparer nos produits et non pas les jeter. Ne pas racheter systématiquement. 11 équipements électroniques sont mis sur le marché français par an et par habitant, sans que cette surproduction folle corresponde à nos besoins. Voilà pourquoi les mauvaises pratiques d’acteurs majeurs comme Amazon doivent absolument cesser (...)

des entreprises comme Amazon qui cassent les prix du neuf rendent la réparation plus chère par rapport au prix du neuf… L’Union européenne aurait aussi le pouvoir d’imposer que les produits vendus contiennent un certain pourcentage de matières recyclées par exemple. Mais pour l’instant, elle ne le fait pas. Il y a aussi la possibilité de sanctionner à l’échelle nationale. La France l’a fait récemment pour lutter contre le gaspillage alimentaire et elle est pionnière : il y a aujourd’hui des amendes par tonne d’aliments jetés. Ces amendes sont trop faibles et il n’y a pas assez de contrôles. Il faut renforcer le processus. Nous demandons la mise en place d’un mécanisme similaire pour le respect de la garantie légale, avec un contrôle sévère : il faut taper fort si on veut changer ces pratiques. Amazon est un mastodonte, au lobbying hyper agressif et efficace. Pour défendre sa stratégie, la multinationale vient par exemple d’engager en décembre 2018 Yohann Bénard, un ancien membre du Conseil d’Etat, passé par Bercy (comme directeur adjoint du cabinet de Christine Lagarde) et Matignon (conseiller technique de François Fillon) et dont le profil Linkedin affiche sa « double compétence public-privé ». Et puis, Amazon joue aussi la carte de l’emploi, même si c’est un miroir aux alouettes (...)

A l’occasion de la diffusion de ce numéro de Capital, vous lancez d’ailleurs une pétition…
Oui, nous demandons au gouvernement d’interdir la destruction par Amazon des produits invendus, avec des amendes et des contrôles à la clé. En nous associant à une émission populaire comme Capital, nous touchons plus de gens. Et ça nous aide à être plus forts face à la multinationale la mieux cotée en bourse (...)

De plus en plus de Français sont choqués par ces pratiques, surtout dans cette période de crise sociale, et attendent que le pouvoir politique mette enfin au pas ces géants. Car c’est aussi une question de justice : Amazon ne respecte pas la loi que tous les Français sont censés respecter.