Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Telerama
Cantines scolaires : “Chaque midi, nos enfants avalent des produits gavés de pesticides”
Livre noir des cantines scolaires (Leduc éditions, 2018).
Article mis en ligne le 6 octobre 2019
dernière modification le 5 octobre 2019

Depuis 2018, dans le 18e arrondissement de Paris, le collectif de parents d’élèves “Les enfants du 18 mangent ça” interpelle les pouvoirs publics pour dénoncer la mauvaise qualité des repas scolaires. Entretien avec Sandra Franrenet, membre du collectif, journaliste et auteure du “Livre noir des cantines scolaires”.

Le sujet de la cantine dépasse le simple problème du goût. J’ai pris conscience que ma fille avalait chaque midi ou presque des produits industriels, gavés de sucres, de sel, d’additifs et de pesticides. Le collectif « Les enfants du 18 mangent ça » publie tous les jours les photos des menus sur Facebook. Nous faisons les poubelles, récupérons les étiquettes, débusquons les mensonges. Comme les tomates « locales » qui viennent du Morbihan, le bio qui n’en est pas. Mais en dépit des actions que nous conduisons pour interpeller la municipalité et d’une audience grandissante sur les réseaux sociaux, nous n’avons rien obtenu. (...)

C’est même de pire en pire. Avant l’été, il y a eu un pic : derrière une belle communication sur le thème du pique-nique, les enfants ont vu arriver des sandwichs en forme de triangle. À chaque fois qu’il y a des menus de substitution, ce n’est jamais au profit des élèves. L’hiver dernier, la neige a eu bon dos : on leur a servi des nuggets bien après le dégel. Sans parler de la météo invoquée récemment pour expliquer le remplacement du brie AOP par de l’emmental.

“La municipalité mise tout sur la communication : elle fait de beaux discours et envoie des newsletters”

Suffirait-il que les repas soient 100 % bio pour qu’il n’y ait plus de problème ?
Non, car la plupart des produits issus de l’agriculture biologique servis dans les cantines n’en sont pas moins ultra-transformés. S’ils comportent moins d’additifs, ils restent très pauvres sur le plan nutritionnel. C’est d’ailleurs un plat bio qui est venu mettre le feu aux poudres : les allumettes végétales. (...)

Un nouveau concept marketing est apparu dans le menu : le plat du chef. Mais en regardant de plus près on s’est aperçu que le seul élément fait maison, c’était la vinaigrette. Donc maintenant, on nous explique que l’expression « du chef » veut juste dire que ça a été sélectionné ou approuvé par le chef ! Ce refus de prendre la mesure du problème est d’autant plus incompréhensible que les élections municipales approchent.

“Le collectivité reste responsable de son service publique, y com (...)

Dans le 18e arrondissement de Paris, la cantine est gérée par un prestataire privé…
Nous sommes les seuls à Paris à être en délégation de service public. C’est la Sogeres qui est chargée de la restauration scolaire dans cet arrondissement. Or elle a tout intérêt à tirer le prix des denrées alimentaires vers le bas si elle ne veut pas que les repas coûtent trop cher à la collectivité. Et, même dans ce cas, chaque plateau revient jusqu’à un euro de plus que dans le 13e, un arrondissement pourtant de taille équivalente… Plutôt que de revenir à une gestion directe, la mairie a choisi de reconduire pour cinq ans ce prestataire privé. Maintenant, délégation ne signifie pas les pleins pouvoirs pour celui qui décroche le marché ! La collectivité reste responsable de son service public, y compris sur le plan pénal. Et elle a des moyens d’action. Ainsi, sous l’impulsion de parents, la métropole strasbourgeoise a imposé à son prestataire d’abandonner le plastique et de passer à l’inox, après la réalisation de travaux d’aménagement.

Êtes-vous en lien avec d’autres villes de France ?
Nous travaillons main dans la main avec des communes de Seine-Saint-Denis, comme Romainville ou Aubervilliers. Et nous sommes également en contact avec l’association Cantine sans plastique, qui a des relais à Bordeaux, Montpellier, Nantes, Pau… Révolutionner la cantine est une question de santé publique, qui se pose sur l’ensemble du territoire.