
À quelques jours de la première étape d’un long déconfinement en France, il est primordial de se pencher sur les modalités de protection des plus vulnérables, ceux qui pourraient être laissés de coté par les mesures barrières, en particulier les patients souffrant de pathologie psychiatrique chronique.
L’histoire du XXème siècle nous a montré qu’en temps de crise, les malades psychiatriques sont les premières victimes de discriminations. Nous avons tous en mémoire les dizaines de milliers de morts de faim, de froid ou par carence de soins au cours de la seconde guerre mondiale.
Au delà de cette époque particulièrement sombre de notre histoire, il ne faut pas oublier la double peine que subissent encore les malades psychiatriques, puisqu’à la maladie s’ajoute trop souvent la précarité sociale. De plus nous savons que la maladie mentale est associée à une diminution de l’espérance de vie, en grande partie expliquée par un défaut d’accès aux soins généraux. (...)
C’est pourquoi, dans les premières semaines où la France a été touchée par cette épidémie, l’APFBN a alerté sur l’accès aux soins de réanimation pour les patients psychiatriques, rappelant que « L’existence d’une pathologie psychiatrique ne peut représenter, à elle seule, un critère de refus d’admission en réanimation, y compris dans le contexte actuel de crise sanitaire susceptible de dépasser les ressources de soins dont nous disposons » .
Il nous semble à présent essentiel d’alerter sur les risques de discrimination des patients psychiatriques sur l’accès aux mesures barrières. (...)
De crainte qu’ils ne sachent pas les utiliser, les patients vivant dans des établissements médico-sociaux où hospitalisés pourraient ne pas se voir proposer de masques. Cette limitation pourrait être également associée à un confinement plus strict des patients pris en charge dans ces structures.
Il est alors primordial d’être particulièrement vigilants à ce que les mesures prises pour protéger les patients psychiatriques au cours de cette crise sanitaire n’entraînent pas de limitation des libertés et de négation de l’autonomie auxquelles les patients psychiatriques ont droit. (...)
Si l’on juge la grandeur d’une nation à la façon dont elle traite les plus vulnérables, la France sera notamment jugée sur la façon dont elle protégera les malades psychiatriques du coronavirus tout en garantissant leurs droits.