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Ligue des Droits de l’Homme
COVID-19 : Les gouvernements de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) doivent prendre des mesures urgentes pour protéger la population carcérale
Article mis en ligne le 1er avril 2020

À la lumière de la pandémie de Covid-19 − qualifiée « d’urgence de santé publique de portée internationale » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) − nous, les organisations soussignées, exprimons notre vive inquiétude quant à la situation des détenu-e-s et des prisonnier-e-s dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA). Si certains Etats de la région ont pris des mesures positives pour protéger la population dans son ensemble, la population carcérale reste particulièrement exposée à la propagation du virus.

Plusieurs pays de la région MENA ont déjà des systèmes de santé surchargés, certains considérablement affaiblis par des années de conflit armé. Dans ces pays, les prisons et les centres de détention sont souvent surpeuplés, insalubres et souffrent d’un manque de ressources ; en conséquence, les détenu-e-s se voient régulièrement refuser un accès adéquat aux soins médicaux. Ces difficultés ne font que s’aggraver en période d’urgence sanitaire, exposant les personnes privées de liberté à des risques accrus , tout en accentuant la pression sur des infrastructures de santé en prison déjà fragilisées. De plus, les personnes en détention interagissent régulièrement avec les gardien-ne-s de prison, les policier-e-s et les professionnels de la santé qui sont en contact avec le monde extérieur. Ne pas protéger les prisonnier-e-s et le personnel pénitentiaire contre le Covid-19 peut avoir des conséquences négatives pour le reste de la population.

En vertu du droit international relatif aux droits humains, tout individu a droit au meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint. Les Etats ayant l’obligation de garantir la réalisation de ce droit sont tenus de veiller à ce que les détenu-e-s et les prisonnier-e-s soient traité-e-s humainement dans le respect de leur dignité et ne soient pas soumis-e-s à des traitements cruels, inhumains et dégradants. Les Règles Nelson Mandela exigent le respect du principe d’équivalence des soins, ce qui signifie que les personnes placées en milieu pénitentiaire doivent pouvoir bénéficier de soins de santé équivalents à ceux mis à disposition de la population civile générale. Cela ne change pas en période de pandémie.

Bien que des restrictions, notamment sur les visites en prison, puissent être imposées pour freiner la propagation de maladies infectieuses comme le Covid-19, elles doivent respecter les principes de proportionnalité et de transparence. Toute mesure, y compris les libérations de prisonnier-e-s, doit être prise conformément à des critères clairs et transparents, sans discrimination. (...)

Nous appelons l’Organisation mondiale de la santé, le Comité international de la Croix-Rouge et les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à publier des déclarations publiques et des directives mettant en évidence les recommandations et les meilleures pratiques à l’attention de tous les gouvernements en matière de détention et d’emprisonnement en période de pandémie.