(...) Les décideurs nient que l’économie mondiale réchauffe la planète
Or le traité signé entre l’UE et le Canada n’est que la pointe émergée d’un iceberg gigantesque, dont il devient urgent de tout faire pour s’éloigner : la politique de commerce et de l’investissement de l’UE et des grandes puissances, au service d’une globalisation économique et financière elle-même motrice de la dégradation des équilibres écologiques et climatiques mondiaux. Les signaux d’alerte ne manquent pourtant pas, et la visite de la jeune suédoise militante de la cause climatique en plein cœur du second épisode caniculaire de l’été exacerbe dramatiquement l’ironie.
Car officiellement, à Bruxelles comme à Matignon et à l’Élysée, il n’existe aucun rapport entre commerce et investissement d’une part et climat d’autre part : on y promeut l’un tout en prétendant combattre l’autre.
Aucun rapport entre l’accroissement du transport de marchandises et l’augmentation des émissions de CO2. Entre la déforestation massive organisée par l’agro-industrie et la réduction des moyens naturels de capture du carbone, entre la bétonisation opérée par la grande distribution et la multiplication des épisodes de chaleur extrême… Officiellement aucun lien non plus entre le pouvoir croissant conféré aux acteurs industriels privés, via l’arbitrage investisseur-État par exemple, et l’impossibilité chronique à réglementer en faveur de la transition énergétique au plan local, national ou international…
Comme si une forme nouvelle de négationnisme climatique s’était emparée des décideurs politiques et économiques : il ne s’agit bien-entendu plus de nier le réchauffement climatique lui-même, mais de nier que ce sont les règles qui organisent cette formidable machine à réchauffer la planète qu’est l’économie mondiale qu’il importe aujourd’hui de repenser.
Enclencher la fonction « pause »
La science du climat documente pourtant clairement le lien de causalité existant entre l’approfondissement des dérèglements climatiques et la multiplication des épisodes météorologiques extrêmes, dont les canicules et les sécheresses.
Des parlementaires lucides et responsables devraient se rendre à l’évidence du seul choix qui s’impose à eux : enclencher la fonction PAUSE et se donner le temps de la réflexion.
Les fondements et les paradigmes inspirant la politique de commerce et d’investissement de l’UE datent de l’après-guerre, quand l’expansion industrielle, l’urbanisation et la globalisation des transports et des échanges devaient jalonner le cheminement de l’humanité toute entière vers la prospérité ultime. Soixante ans plus tard, il est temps de réinterroger nos concepts, et de mettre à jour un logiciel manifestement défaillant, bâti sur la logique du moindre coût, et conçu pour enrichir une minorité. (...)
persister dans le modèle économique qui détruit la planète, empoisonne des millions de personnes et génère des inégalités colossales, ou engager la rénovation des règles internationales du commerce et de l’investissement ?