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le Monde Diplomatique
La Révolution sans révolution
par Gérard Mordillat
Article mis en ligne le 29 décembre 2018
dernière modification le 26 décembre 2018

Une étrange malédiction semble frapper ceux qui se risquent à réaliser un film sur la Révolution française, comme en témoigne le dernier en date, Un peuple et son roi, de Pierre Schoeller, sorti en 2018. Au nom d’une illusion, celle de l’objectivité historique, voire de la neutralité scientifique, cette malédiction se manifeste par une absence de parti pris. Les cinéastes se veulent au-dessus de la bataille.

(...) Filmant la Révolution, les cinéastes s’interdisent de défendre l’une ou l’autre cause, ou soutiennent mollement la cause du peuple, sans que ce choix s’affirme autrement que dans les intentions. Au bout du compte (malédiction !), cela n’aboutit qu’à des films décevants. Pas des mauvais films, mais des films décevants. Paradoxalement, les films contre-révolutionnaires, comme Les Mariés de l’an II, de Jean-Paul Rappeneau (1971), ou L’Anglaise et le Duc, d’Éric Rohmer (2001), font preuve d’une plus grande fantaisie visuelle et d’une plus grande invention formelle ! (...)

Tous adoptent une présentation en diptyque : d’un côté, le peuple insurgé à Paris (plus rarement en province) ; de l’autre, le roi, la reine et leur cour à Versailles ou aux Tuileries. Les deux parties sont renvoyées dos à dos. Mais comment comparer les ors et les soieries des souverains régnants à l’infinie misère du peuple ? Une exception de taille : 1789, d’Ariane Mnouchkine (1974) (...)