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Brésil, une banque communautaire prospère
Article mis en ligne le 4 décembre 2017

Créée en 1998 dans une favela de Fortaleza, au nord-est du Brésil, la banque communautaire Palmas soutenue par le CCFD-Terre Solidaire est devenue un exemple de développement économique alternatif grâce à sa monnaie locale et à ses réussites en termes de création d’entreprises et de formation.

« Comercial Quixada » est un petit supermarché brésilien presque comme les autres, avec ses rayons bien achalandés et son espace cafétéria. La seule différence intervient au moment de régler ses courses. Comme l’indiquent les écriteaux installés sur les caisses du magasin, les clients ont en effet le choix de payer en Réal, la monnaie nationale brésilienne ou bien en « Palmas », la monnaie locale déclinée en plusieurs billets ornés d’un palmier blanc sur fond vert. Mieux, pour inciter à utiliser cette dernière, le magasin accorde jusqu’à 5% de remise sur l’ensemble des achats.

Cette pratique est partagée aujourd’hui par plus de 400 commerçants et artisans du Conjunto Palmeiras, une favela (quartier défavorisé) de Fortaleza (3,5 millions d’habitants), la capitale de l’état du Céara, au nord-est du Brésil. Elle couronne ainsi les efforts du « Banco Palmas », la première banque communautaire du Brésil, créée en 1998 par l’association des habitants de la favela. Un établissement bancaire qui dispose, depuis 2002, de sa propre monnaie, indexée à parité sur le Réal (1 euro = 3,22 Réais). (...)

« Pourquoi sommes-nous pauvres ? »

« L’idée de cette monnaie sociale est venue lorsque nous avons décidé en 1998 de créer une banque communautaire destinée à accorder des microcrédits aux habitants, explique Joaquim Melo Neto, ancien séminariste et coordinateur de l’établissement. En nous posant la question : « pourquoi sommes-nous pauvres ? », nous avons constaté que, même dans un quartier défavorisé comme le nôtre, il existait des ressources (salaires, retraites, pensions, etc…), mais que la pauvreté était largement due au fait que la majeure partie de ces revenus était dépensée à l’extérieur. »

C’est de là qu’est né le concept d’une monnaie qui n’aurait de valeur marchande que dans l’enceinte du Conjunto Palmeiras, soit un territoire peuplé de 30 000 personnes environ. (...)

Prêts accordés sur des critères humains

« La Banque a été créée en respectant trois principes essentiels, rappelle Joaquim Melo Neto. La gestion doit être faite par la communauté elle-même. Elle doit favoriser la création d’un système intégré de développement local à même de promouvoir le crédit, la production, la commercialisation et la formation. Enfin, le Palmas, considérée comme une monnaie circulante locale complémentaire avec la monnaie officielle (real), doit être acceptée et reconnue par les producteurs, commerçants et consommateurs du quartier. » (...)

Plus de 100 « Bancos Palmas » créées

Ces résultats ont évidemment attiré l’attention des autorités brésiliennes. Poursuivi devant la justice lors de son lancement pour avoir utilisé de manière illicite le terme de « Banque », le Banco Palmas est aujourd’hui montré comme un exemple de réussite et une solution pour pallier à l’absence des institutions financières dans les quartiers défavorisés et dans les zones rurales enclavées de ce pays grand comme 17 fois la France. La preuve ? En 15 ans, plus de 210 entreprises et près de 2 000 emplois ont créés. Suite à ce succès, 103 autres « Bancos Palmas » ont vu le jour dans le Nordeste brésilien. Quant à Joaquim Melo, le fondateur, il a reçu en 2013 le prix des Objectifs du millénaire pour le développement pour l’Institut Palmas.