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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Boko Haram perd du terrain, mais la production alimentaire aussi
Article mis en ligne le 15 mars 2016

Au Nigeria, la guerre contre Boko Haram tourne enfin en faveur du gouvernement, mais il faudra bien plus de temps pour remettre sur pied la production alimentaire dans le nord-est du pays. Il en va de même au Cameroun voisin, qui a lui aussi pâti de la violence.

Selon le Réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS NET), le conflit a poussé les agriculteurs, effrayés, à fuir leurs terres. Il a également entraîné la fermeture des routes et des marchés, ce qui s’est traduit par une hausse des prix des denrées alimentaires, et a réduit les sources de revenus.

Même si les campagnes pourront sans doute se redynamiser progressivement, grâce aux victoires de l’armée qui vont permettre à ceux qui ont fui de rentrer chez eux, « cela ne suffira pas à compenser les impacts négatifs de ce conflit sur les sources d’alimentation et de revenu des foyers », a ajouté FEWS NET.

L’organisation, financée par l’USAID, prédit une « crise » alimentaire pour les foyers pauvres des zones les plus touchées des États de Borno, de Yobe, et d’Adamawa entre février et septembre 2016 et le reste des trois États devrait être « sous stress » alimentaire, c’est-à-dire que leurs habitants n’auront que le strict minimum pour survivre.

Selon une enquête menée en décembre, 15 pour cent des enfants souffrent de malnutrition, taux considéré au niveau international comme le seuil d’urgence.

Un problème régional

De l’autre côté de la frontière, dans la région camerounaise d’Extrême-Nord, le directeur national du Programme alimentaire mondial, Felix Gomez, estime à 1,4 million le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire, soit un tiers de la population.

C’est le double du chiffre enregistré en juin 2015, a-t-il dit à IRIN. (...)

Les violences de Boko Haram ne sont pas la seule cause de ces difficultés. Les enlèvements et les vols de bétail par des groupes armés venant de la République centrafricaine voisine bouleversent également les exploitations agricoles et l’industrie agroalimentaire de la région camerounaise d’Adamawa (à ne pas confondre avec la région nigériane du même nom), grande productrice de bœuf.

Selon un rapport de l’APESS, l’association locale des éleveurs, les propriétaires de bétail ont payé 170 000 dollars de rançon à des ravisseurs en 2015 et perdu des milliers de bêtes. (...)