
En trois semaines, un accrobranche a poussé dans les arbres du bois de Thouars à Talence, pourtant « espace boisé classé ». Il ne ravit pas les Verts ni plusieurs habitants de la commune qui ont organisé ce lundi une manifestation contre une opération illégale dans l’unique poumon vert de la ville.
Une quarantaine de personnes se sont rassemblées ce lundi en fin de matinée dans le bois de Thouars, à Talence, pour protester contre l’installation d’un accrobranche dans une zone classée en « EBC » (espace boisé classé). A l’initiative d’Europe Ecologie Les Verts Talence, cette action devait se concrétiser par un « démontage de l’installation illégale ». Accueillis par les forces de polices (quatre voitures pleines), les protestataires n’ont finalement rien démonté.
« Nous ne sommes pas de dangereux délinquants, précise Monique de Marco, chef de file des écologistes à la municipalité et ex-vice-présidente au Conseil régional d’Aquitaine. Nous sommes simplement là pour faire respecter la loi. »
Initiée il y a un mois environ sans sécurisation du site – pourtant fréquenté par de nombreux promeneurs, joggeurs et familles – ni affichage particulier, la construction du parcours acrobatique en hauteur par la SARL Acro-Trampoline, créée par Dorian Aloy, fait polémique :
« L’installation ne respecte pas la réglementation, souligne Monique de Marco. Des arbres (NDLR : au moins trois dont un au moins parfaitement sain) ont été coupés, le chantier ne comporte aucun affichage et le permis d’aménager ne semble pas avoir été délivré. »
« 30 000 ans de biotope à la poubelle » (...)
aucune étude sur l’impact de l’aire de loisirs sur la faune n’a été commandée pour l’heure. Or le bois de Thouars recèle pas moins de 188 espèces animales en plus des 297 espèces végétales.
Quant à la sécurité des usagers du bois pendant et après les travaux, de jour comme de nuit, le maire la garantit :
« Nous avons coupé des arbres et dégagé une partie du bois pour sécuriser les promeneurs et joggeurs, et des policiers patrouilleront la nuit », explique-t-il lors de son discours aux manifestants. En outre, il sera impossible de grimper sur les plateformes en dehors des horaires d’ouverture car une partie des installations sera démontée pour empêcher leur usage. D’autre part, c’est à l’exploitant que revient d’assurer la sécurité des usagers de la structure. Une société de contrôle viendra vérifier les installations. »
Une ouverture mi-mai ?
Selon Alain Cazabonne, l’accrobranche devrait ouvrir mi-mai, sauf recours au tribunal administratif. (...)
L’arbre qui cache la forêt ?
Les Amis du Bois de Thouars, fondé par une poignée de Talençais, sont très mobilisés : en mars, ils ont lancé une pétition relayée sur Change.org, qui a recueilli près de 2000 signatures, pour dénoncer certaines révisions du Plan local d’urbanisme (PLU 3.1.), notamment : le détachement d’une zone boisée, la construction d’une voirie entre l’Institut Régional du travail social Aquitaine (IRTS) et le lycée d’hôtellerie et de tourisme de Gascogne et une zonage en « Ne » qui autorise de multiples constructions – commerces, restaurants, bars, cafés, hôtels, établissements administratifs, hospitaliers, sanitaires, sociaux, culturels, pépinières d’entreprises, etc.
Les élus d’Europe Ecologie-Les Verts au Conseil municipal avaient jugé que le PLU n’était « pas assez ambitieux au vu des enjeux environnementaux et climatiques auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui », et avaient émis un avis défavorable. (...)
Pour faire taire les « plus folles rumeurs sur le devenir du bois de Thouars », la municipalité a apporté des précisions dans un communiqué :
« Annoncée comme réservée pour un important projet d’urbanisation du site, la zone minéralisée est en réalité prévue pour reconstruire le Club House et créer un espace couvert pour les activités multisports et notamment un nouveau Dojo pour les arts martiaux. La hauteur maximale autorisée initialement prévue à 35 m a été rabaissée à 12 mètres. Par ailleurs, nous avons demandé à déclasser l’EBC en “espace paysager à protéger” (EPP) pour permettre le passage d’une future ligne de tramway, dont le tracé n’est pas défini à ce jour. En outre, la voirie demandée ne sera pas imposante, mais doit permettre la création d’une liaison piétons-vélos le long de l’IRTS et du lycée hôtelier. »
Bref, du béton durable.