
Dans "Fear", le journaliste, qui a révélé le scandale du Watergate, raconte la Maison-Blanche sous Trump. L’image qui ressort est celle d’un roi fou totalement déchaîné.
Un "idiot", un "déséquilibré" (John Kelly, chef de cabinet). Un homme dont le niveau de compréhension est "celui d’un écolier de CM2 ou de 6e" (James Mattis, ministre de la Défense). Un "putain de menteur" (John Dowd, son ex-avocat). Un "menteur professionnel" (Gary Cohn, ex-conseiller économique). Un "putain de salopard" (Rex Tillerson, ex-secrétaire d’Etat). "Nature erratique", "ignorance", "incapacité à apprendre", "vues dangereuses" (un officiel anonyme de la Maison-Blanche). Un "tweetomane" déjanté décochant ses missiles en 140 ou 280 signes depuis sa chambre à coucher, "l’atelier du diable" (Reince Priebus, ex-chef de cabinet)…
Ce n’est qu’une partie des insultes adressées par son entourage à l’endroit de Donald Trump dans "Fear : Trump in the White House" ("Peur : Trump à la Maison-Blanche"), le nouveau livre de Bob Woodward, mais on sait déjà qu’elles ont mis en rage l’intéressé. "Les amis de Trump et d’anciens officiels de la Maison-Blanche confient que les extraits qui le font le plus grimper au rideau sont les citations de gens (Kelly, Mattis, etc.) qui le traitent d’idiot", rapporte Gabriel Sherman, du magazine "Vanity Fair".
Des scènes surréalistes(...)
- Ses avocats font tout pour qu’il ne se laisse par interroger par le procureur spécial Robert Mueller, qui enquête sur le rôle de la Russie dans la campagne présidentielle américaine de 2016. Persuadés que la propension maladive de Trump au mensonge signera sa perte, ils vont même jusqu’à organiser une fausse interview, où ils démontrent à Trump qu’il se fera immanquablement piéger.(...)
- Ses conseillers ont pris l’habitude de subtiliser, sur son bureau, les documents les plus explosifs.
Il s’agit, cette fois, du plus célèbre des journalistes américains, connu pour nourrir ses livres de centaines d’interviews, même si certains sont anonymes, en "deep background". Impossible de balayer ce pavé d’un revers de la main.
Et puis, il y a le contexte : des élections de mi-mandat qui approchent à grande vitesse (le 6 novembre, l’intégralité des sièges de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat seront renouvelés), et une cote de popularité présidentielle qui s’est encore récemment détériorée.
Cette fois, plus de doute : la présidence d’Ubu-Trump est en danger, et la "peur", pour reprendre le titre de l’ouvrage de Woodward, règne désormais à la Maison-Blanche.