Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Atlantico
BlackRock, le plus grand fond d‘investissement du monde, qui exige une éthique sans faille dans les entreprises où il intervient, se retrouve sommé de s’expliquer ses propres dépenses de lobbying politique
Article mis en ligne le 20 mai 2020

C’est l’arroseur arrosé.

BlackRock est sans doute le plus gros fonds d’investissement au monde. Le montant des capitaux gérés dépasse les 5000 milliards de dollars. Situé à New York, fondé en 1988, il est devenu le plus important gestionnaire d’actifs au monde, notamment à la sortie de la crise financière. Faut dire qu‘il a racheté massivement en 2009 des actifs qui étaient bradés à cause de la crise, reprenant notamment la gestion d’actifs de Merill Lynch. Sa prospérité fait que le fonds est présent aujourd’hui dans une société américaine sur 5. Mais il est également présent en France dans la moitié des entreprises du CAC 40. Cette diversification lui vaut d’attirer beaucoup de capitaux et d’épargne venant du monde entier.

BlackRock exige très souvent des garanties quant au respect des normes sociales et environnementales, mais exige aussi une transparence parfaite des dépenses qui n’ont pas une ligne directe avec l’exploitation. C’est à dire tout ce qui concerne les dépenses de communication institutionnelle et de lobbying. BlackRock est très connu pour faire respecter ces exigences, un peu comme Warren Buffet qui se mêle de la gestion des entreprises dans lesquelles il intervient. Mais Warren Buffet sur ce plan est totalement cash et transparent. Il consacre d’ailleurs une journée par an pour expliquer à ses actionnaires l’état économique du monde, la situation des entreprises où ses fonds ont investi, le tout enrichi de leçons de morale et de règles éthiques à l’adresse des dirigeants. Warren Buffet a le talent d‘illustrer ses conseils avec sa propre pratique. Il est parfaitement crédible . D’ou sa notoriété et son image de vieux sage , oracle et gourou de l économie moderne. Sa préoccupations porte sur les questions d’environnement et de morale politique .

BlackRock s’est mis au diapason depuis la crise en demandant à ses entreprises des engagements de transparence. Mais fait nouveau, les propres actionnaires de BlacRock les gérants de fonds de pensions par exemple qui apportent leurs actifs a gérer , ont demande aux dirigeants de Black Roque de se soumettre aux mêmes obligations. Alors a priori, les actionnaires n ‘ont rien à dire sur la gestion, remarquable, ou sur les performances exceptionnelles. En revanche, la rumeur de Wall Street a laissé entendre que les règles d’éthiques n’étaient pas toujours respectées.

La direction de BlackRock a reconnu qu’elle épaulait bon nombre de gouvernements dans le monde, qu‘elle intervenait en lobbying politique pour obtenir des conditions d’exploitation plus favorables. (...)

Les actionnaires ont donc demandé à la direction de fournir la liste de toutes les dépenses de communication institutionnelle et d’interventions politiques dans le monde entier. La nature des interventions, le montant dépensé et les bénéficiaires. Sachant que BlackRock est présent dans 30 grands pays du monde.

Les actionnaires demandent d’émettre un rapport annuel qui ferait le bilan de cette politique et de toutes ses actions.

BlackRock s’est défendu des critiques sous-jacentes en expliquant qu’un tel rapport annuel n’allait pas dans le sens de l’actionnaire. Sous entendu, si BlackRock intervient, c’est aussi au bénéfice de l’actionnaire. Si les procédures et les montants étaient rendus publics, il y a de grandes chances pour que BlackRock en souffre, et que ses actionnaires soient de ce fait lésés.

La vraie question est de savoir si les résultats financiers justifient tous les moyens possibles ou pas. (...)

Cette affaire Black Rock, montre bien que les actionnaires de la nouvelle génération veulent autre chose qu’un rendement maximal. Ils veulent aussi que le modèle d’activité soit exemplaire.

Et si BlackRock demande des comptes à ses entreprises ou exige un comportement exemplaire et moral, il n’y a aucune raison que BlackRock ne s’applique pas à elle-même les mêmes règles.

BlackRock est une chose. Les actionnaires réunis en associations de défense vont de plus en plus jouer les contre pouvoirs.

Les autres grandes institutions financières craignent elle aussi qu’on leur demande de dévoiler leur secret. Le prochain visé serait sûrement Goldman Sachs, dont l’influence auprès des gouvernements ne se caractérise pas par un excès de transparence. D’autant que Goldman travaille dans le monde entier pour les Etats et le privé .