
“Bienvenue au futur de l’humanité”, c’est avec ces mots que Ron Labonte a ouvert la session plénière de la Troisième Assemblée populaire pour la santé au Cap. L’Assemblée populaire pour la santé est un rassemblement mondial organisé par le Mouvement populaire pour la santé. Labonte y a ajouté que “la mobilisation populaire était l’avenir.” Le ton était ainsi donné. C’est ici qu’on entendra la voix du peuple.
(...) L’Assemblée populaire pour la santé est un rassemblement mondial organisé par le Mouvement populaire pour la Santé. C’est ici que, dans les jours qui vont suivre, on entendra la voix du peuple. Et celui-ci ne passe pas par quatre chemins.
C’est Zackie Achmat qui se charge du moment émotion. Après son discours, les Sud-Africains ont spontanément entamé un chant. Il faut dire aussi que Zackie est un véritable héros populaire dans le pays. Il est passé de la lutte contre l’apartheid à la lutte pour le droit des personnes atteintes du VIH/SIDA. “Si aujourd’hui je suis encore en vie, c’est grâce à notre combat révolutionnaire contre l’industrie pharmaceutique,” a-t-il témoigné. “Tous les droits sont les résultats de combats révolutionnaires."
Depuis, les différentes sessions se succèdent : plénières, sous-plénières, groupes de travail,... Une des sessions plénières sur l’Afrique concernait par exemple la tendance des grandes institutions internationales et des ONG à convaincre les pays en voie de développement à prendre une assurance maladie. Dans la pratique, il s’agit du moyen de financement le plus régressif qu’il soit. Les plus pauvres paient le plus mais bénéficient le moins. L’alternative : un financement public des soins de santé. Il est tout à fait possible de financer cela si les riches contribuent suffisamment. (...)
Les premiers jours de l’Assemblée étaient consacrés à l’analyse des facteurs sociaux et économiques qui rendent les gens malades. Et parfois, ce sujet était abordé de manière très concrète. Lors de la session concernant la souveraineté alimentaire, Mat Anderson, un médecin à New York qui a travaillé des années à Haïti, a expliqué comment les États-Unis diminuaient l’approvisionnement alimentaire de ce pays en larguant les excédents agricoles comme aide alimentaire. Il a conclu avec cette belle citation : “La pauvreté est un rapport. Tu ne peux être pauvre qu’à condition que quelqu’un d’autre soit riche. On peut comparer cela avec le fait que je suis un neveu. Ce n’est possible que si j’ai un oncle.”
Lors du troisième jour, nous avons approfondi la question du système des soins de santé. (...)
T. Sunderaraman du MPS-Inde a été encore un peu plus loin avec leur slogan actuel “Couverture universelle des soins de santé". L’expérience en Inde montre que ce slogan sert à cacher les recettes néolibérales actuelles. ’La santé pour tous’ est seulement possible si l’accent est mis sur l’accessibilité aux soins de santé qui doit être renforcée en tant que service public. Mais souvent, avec les “Couvertures universelles de santé”, l’accent est mis sur le financement de services privés grâce à une assurance privée. Apparemment, on considère le marché comme une manière efficace de renforcer les soins de santé. Mais l’expérience indienne montre que rien n’est moins vrai.
Lors de la même session plénière, Tim Joye, qui travaille pour Médecine pour le Peuple, a continué sur la lancée en exposant comment la même politique néolibérale organise la démolition de notre sécurité sociale européenne.
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Suwit est l’architecte du miracle thaïlandais, la réforme du système des soins de santé ces dix dernières années, mais n’a aucun problème à avouer que c’est le fruit de la pression de la base. Le “National Health Security Act” était la conséquence d’une pétition massive de groupes d’action. La nouvelle politique a aujourd’hui 10 ans et porte désormais ses fruits grâce à l’augmentation du budget des soins de santé, la priorité aux zones rurales pauvres et la manière courageuse avec laquelle les autorités thaïlandaises ont donné priorité aux intérêts de leur propre peuple face aux multinationales étrangères.
Suwit a fièrement exposé comment ils utilisent, malgré la colère des géants pharmaceutiques et des États-Unis, tous les moyens légaux pour casser la position de monopole des multinationales et pour importer des médicaments bon marché ou pour les produire eux-mêmes. (...)
La dernière journée était sous le signe de la “Mobilisation pour la Santé pour Tous”. C’est surtout le discours de Mark Heywood qui a marqué les esprits. Il est le symbole de la lutte contre l’apartheid et l’actuel directeur de Section 27, une organisation sud-africaine pour les droits de l’Homme. Il a fait un exposé enflammé pour le droit à la santé. Il a débuté son exposé ainsi : “Il n’y a pas de santé pour tous, sans justice. Et c’est la raison pour laquelle il n’y aura pas de santé pour tous sans la démocratie populaire. (...)